Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/51

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toi de apposer que mes ordres puissent être inconvenants ou contradictoires avec ceux de sir John de Walton : tu peux du moins être convaincu qu’il ne t’en reviendra aucun mal. Retiens cet homme dans le corps-de-garde, fais-lui donner à boire et à manger, et quand sir John de Walton reviendra, avertis-le que c’est une personne introduite à ma demande. S’il faut quelque chose de plus, je ne manquerai pas de parler moi-même au gouverneur. »

L’archer fit un signe d’obéissance avec la pique qu’il tenait à la main, et reprit l’air grave et solennel d’une sentinelle en faction. Mais auparavant il introduisit le ménestrel, et lui procura des rafraîchissements, sans toutefois cesser un seul instant de causer avec Fabian qui était demeuré en arrière. Cet actif jeune homme était devenu très fier depuis peu, par suite de son élévation au grade d’écuyer de sir Aymer, premier avancement vers le titre de chevalier, attendu que sir Aymer lui-même avait passé plus vite que de coutume d’un de ces grades à l’autre.

Le vieil archer de son côté était un personnage assez original. La gravité, la sagacité et l’adresse même avec lesquelles il remplissait son devoir, tout en lui gagnant la confiance de tous les officiers du château, l’exposaient parfois, comme il le disait lui-même, aux railleries des jeunes freluquets ; et en même temps ces qualités le rendaient quelque peu doctoral et pointilleux à l’égard des gens que leur naissance ou leur grade mettaient au dessus de lui. « Je t’assure, Fabian, disait-il, que tu rendras à ton maître, sir Aymer, un bon service, si tu peux lui donner à entendre qu’il devrait toujours permettre à un vieil archer, à un homme d’armes, à tout soldat vétéran, de lui faire une réplique honnête et polie quand il lui donne un ordre ; car assurément ce n’est pas dans les premières vingt années de sa vie qu’un homme apprend à connaître les différentes obligations du service militaire. Sir John de Walton, ce commandant par excellence, est un homme qui s’applique strictement à ne jamais dévier de la ligne du devoir, et, crois-moi, il sera aussi rigoureusement sévère à l’égard de ton maître qu’à l’égard de toute personne inférieure. Tel est son zèle pour le service, qu’il n’hésite pas à réprimander, lorsque la plus petite occasion s’en présente, Aymer de Valence lui-même, quoique l’oncle de cet officier, le comte de Pembroke, ait été le bienveillant patron de sir John de Walton, et l’ait mis en route de faire fortune. C’est en élevant son neveu d’après la véritable discipline des guerres de France que sir John de Walton a choisi la meilleure manière de