Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/91

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Il avait atteint la porte extérieure de l’appartement, et ses satellites avaient déjà mis la main sur le vieillard, lorsque celui-ci se mit à rappeler sir de Walton, le priant de revenir pour un seul instant.

« Qu’avez-vous à dire, monsieur ? lui demanda le gouverneur ; hâtez-vous, car j’ai déjà perdu trop de temps à vous écouter : c’est pourquoi je vous conseille, dans votre propre intérêt… — Et moi je vous conseille, dans le vôtre, sir John de Walton, interrompit le ménestrel, de bien réfléchir avant de persister dans la résolution où vous êtes, résolution qui pourra vous attirer des châtiments plus rigoureux qu’il n’est possible de les imaginer. Si vous faites tomber un cheveu de la tête de ce jeune homme, si vous osez même permettre qu’on lui impose aucune privation qu’il est en votre pouvoir d’empêcher, c’est à vous-même que vous préparez les douleurs les plus vives et les plus cuisantes. J’en jure par tout ce que notre sainte religion a de plus sacré ; j’en prends à témoin ce saint Sépulcre dont je fus le visiteur indigne : je ne dis que la vérité, et vous vous montrerez un jour reconnaissant du rôle que je joue aujourd’hui. Il est de mon intérêt, aussi bien que du vôtre, de vous tenir en possession de ce château, quoiqu’assurément je sache des choses qui le concernent et qui vous concernent aussi, sir John, mais que je ne puis dire sans le consentement de ce jeune homme. Apportez-moi seulement un billet de sa main, où il marque qu’il consent à ce que je vous mette dans notre secret, et, croyez-moi, vous verrez bientôt tous les nuages qui nous enveloppent se dissiper : jamais pénible incertitude ne se sera plus vite changée en joie, jamais nuage chargé de tonnerre n’aura plus promptement fait place aux rayons du soleil.

Il parlait avec tant de chaleur, qu’il fit quelque impression sur sir John de Walton ; et celui-ci se trouva plus embarrassé que jamais.

« Je serais charmé, dit le gouverneur, de pouvoir atteindre mon but en n’usant que des plus doux moyens qui soient en mon pouvoir ; et je ne tourmenterai ce pauvre jeune homme qu’autant que votre obstination et la sienne m’y contraindront. Cependant, songez, sire ménestrel, que mon devoir m’impose des obligations, et, si j’y manque pour un jour, il conviendra que vous fassiez tous les efforts qui seront en votre puissance pour me payer de mon indulgence. Je vous permettrai d’écrire un mot à votre fils, et j’attendrai sa réponse avant de chercher à éclaircir autrement cette affaire,