Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/17

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    à la prison de Jedborg, où ses amis et d’autres pourront avoir les moyens de le convertir. Afin qu’il soit à l’abri du commerce des autres quakers, lesdits lords enjoignent aux magistrats de Jedborg de ne laisser pénétrer jusqu’à lui aucune personne suspecte de ces principes, et de faire saisir les contrevenants, s’il s’en trouvait, pour qu’ils soient punis ; ordonne que lettres en forme seront expédiées à l’effet de tout ce que dessus. »
    Les deux garçons, si tyranniquement séparés de leur père, devinrent des écoliers distingués. L’aîné, William, qui continua la ligne des Raeburn, fut, comme son père, un excellent orientaliste ; le plus jeune, Walter, fut cité comme un très savant humaniste, grand ami et correspondant du docteur Pitcairn, et jacobite si ardent, qu’il fit vœu de ne pas couper sa barbe jusqu’à la restauration de la famille exilée. Ce Walter Scott est le grand-père de l’auteur.
    Il existe encore un autre point de contact entre l’auteur et l’honnête et vertueuse société des Amis, par un prosélyte d’une autre importance que Walter Scott de Raeburn. Le célèbre Swinton de Swinton, dix-neuvième baron de cette ancienne et jadis puissante famille, était, avec sir Lockart de Lee, la personne de qui Cromwell, pendant son usurpation, se servait principalement pour la direction des affaires d’Écosse. Après la restauration, Swinton, choisi pour victime par le nouveau gouvernement, fut embarqué sur le même vaisseau qui porta le marquis d’Argyle à Édimbourg, où ce seigneur fut jugé et exécuté. Il avait pris l’habit et était entré dans la société des quakers, et il se conduisit comme tel lorsqu’il fut traduit devant le parlement d’Écosse. Il renonça à toute défense judiciaire, quoiqu’il ne manquât pas de moyens à faire valoir, et répondit, conformément aux principes de sa secte, qu’à l’époque où tous ces crimes lui étaient reprochés, il était dans le fiel de l’amertume et dans les liens de l’iniquité ; mais que Dieu tout-puissant l’ayant depuis appelé à la lumière, il avait vu et reconnaissait ses erreurs, et ne refusait pas d’en payer la peine, quand bien même, au jugement du parlement, il devrait lui en coûter la vie.
    Le respect pour la grandeur déchue et pour la patience, et la calme résignation avec laquelle s’exprimait un homme autrefois très-puissant, firent trouver des amis à Swinton. Des relations de famille et des considérations intéressées portèrent Middleton, le commissaire, à lui procurer la liberté, qui ne lui fut rendue qu’à la suite d’un long emprisonnement et de la dilapidation de sa fortune. On dit que les exhortations de Swinton, pendant qu’il était détenu au château d’Édimbourg, contribuèrent puissamment à convertir à la doctrine des Amis le colonel David Barclay, qui y était alors en garnison. Robert Barclay, auteur de la célèbre Apologie en faveur des quakers, reçut de lui le jour. Il faut noter comme une des inconséquences de la nature humaine, que Kirkton, Woodson, et les autres auteurs presbytériens qui ont détaillé les souffrances de leur secte pour cause de non conformité avec l’Église établie, censurent le gouvernement du temps de n’avoir pas employé le pouvoir civil contre les paisibles enthousiastes dont nous parlons, et quelques-uns expriment un regret très-vif de l’absolution de Swinton. Quels que fussent ses motifs pour abandonner la secte des Amis, le vieillard y demeura inviolablement attaché jusqu’à la fin de sa vie.
    Jeanne Swinton, petite-fille de sir John Swinton, fils du juge Swinton, comme on appelait ordinairement le quaker, était mère d’Anne Rutherford, mère de l’auteur.
    Ainsi donc, comme dans la pièce de l’Anti-Jacobite, l’ombre de la grand’mère de l’auteur ayant été évoquée pour réciter l’épilogue, il est temps de conclure, de peur que le lecteur ne représente que son désir de connaître l’auteur de Waverley, ne s’est jamais étendu à tous ses ancêtres.