Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

votre sœur ! mais suivez la voie, la seule voie qui puisse lui sauver la vie. — Hélas ! est-elle innocente ou coupable ? — Elle est innocente, innocente de tout : son seul crime est la confiance qu’elle accorda à un misérable !… Et cependant, si des êtres plus criminels que moi ne s’en fussent mêlés, oui, plus criminels que moi, tout coupable que je suis, jamais ce malheur ne serait arrivé. — Et l’enfant de ma sœur vit-il ? demanda Jeanie. — Non, il fut assassiné… l’enfant nouveau-né fut barbarement assassiné, » dit-il d’une voix basse, mais ferme et soutenue. « Mais, ajouta-t-il, ce ne fut ni de son consentement, ni à sa connaissance. — Alors, pourquoi le coupable n’est-il pas livré à la justice, et l’innocent justifié ? — Ne m’accablez pas de questions qui ne peuvent rien amener d’utile, » répliqua-t-il d’une voix sévère ; « ceux par qui le crime a été commis sont trop loin pour craindre aucunes poursuites ; ils sont à l’abri de toute découverte. Personne ne peut sauver Effie que vous-même. — Moi, malheureuse ? Et comment serait-ce en mon pouvoir ? » dit Jeanie avec abattement.

« Écoutez-moi, vous avez du sens, vous pouvez facilement me comprendre, je vais me confier à vous. Votre sœur est innocente du crime dont elle est accusée. — Que le ciel en soit béni ! s’écria Jeanie. — Ne m’interrompez pas et écoutez ! La personne qui l’a aidée dans son accouchement a assassiné l’enfant ; mais je vous le répète, c’était sans le consentement et à l’insu de la mère. Elle est donc pure de ce crime, aussi pure que le malheureux innocent qui n’a respiré que quelques minutes dans ce misérable monde, et dont le sort peut-être n’en fut que plus heureux, puisqu’il lui fît sitôt trouver le repos… Mais la mère est innocente, innocente comme l’enfant lui-même, et cependant il faut qu’elle meure, d’après la loi. — Mais ne peut-on découvrir les criminels et les livrer à la justice ? dit Jeanie. — Croyez-vous qu’on puisse persuader à des êtres endurcis dans le crime de mourir pour sauver la vie d’un autre ? Est-ce là-dessus que vous comptez pour son salut ? — Mais vous avez dit qu’il y avait un moyen… » balbutia la jeune fille tremblante.

« Il y en a un, dit l’étranger, et il est entre vos mains. La loi est précise, et l’on ne peut parer le coup qu’elle va porter, mais il est possible de le détourner. Vous avez vu votre sœur pendant l’époque qui a précédé la naissance de son enfant ; qu’y a-t-il de plus naturel qu’elle vous ait fait part de sa situation ? Par cet aveu, son affaire change de face, et la circonstance du mystère étant