Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/423

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dit Jeanie, et je suis bien aise de pouvoir rendre à Dumbiedikes son argent sans gêner mon père, le digne homme ! — Dumbiedikes ! un propriétaire du Mid-Lothian, n’est-ce pas ? » dit le duc auquel sa résidence dans ce pays, à différentes époques, avait fait connaître la plupart des propriétaires de domaines en Écosse. « Il a une maison non loin de Daikeith, et porte une perruque noire avec un chapeau galonné ? — Oui, monsieur, » répondit Jeanie qui avait ses raisons pour répondre brièvement sur ce sujet.

« Ah ! mon ancienne connaissance Dumbie, dit le duc ; je l’ai vu trois fois dans ma vie, et je ne l’ai entendu parler qu’une seule. Est-ce qu’il est un de vos cousins, Jeanie ? — Non, monsieur, non, milord. — Alors c’est un amoureux, Jeanie ? — Oui, oui, milord, » répondit Jeanie en rougissant et balbutiant à la fois.

« Ah, ah ! Alors si le laird se déclare, je crains que mon ami Butler ne coure quelque danger. — Oh ! non, monsieur, » répondit Jeanie avec bien plus de promptitude, mais en rougissant encore plus que la première fois.

« Fort bien, Jeanie, dit le duc ; je vois que vous êtes une fille à qui l’on peut confier en toute sûreté le soin de ses affaires, et je ne vous en demanderai pas davantage. Mais quant à la grâce de votre sœur, il faut que je m’occupe de la faire expédier dans toutes les formes, et j’ai au ministère un ami qui me rendra ce service en faveur de notre vieille connaissance. Ensuite, Jeanie, comme j’aurai besoin d’envoyer un exprès en Écosse, j’aurai soin en même temps de la faire expédier comme il convient. Vous pourrez en attendant écrire par la poste à vos parents et à vos amis pour leur apprendre votre heureux succès. — Et Votre Honneur pense-t-il que cela vaudrait mieux que si je prenais mes jambes à mon cou, et que je m’en retournasse porter mon message moi-même ? — Beaucoup mieux assurément, dit le duc ; vous savez que les routes ne sont pas très-sûres pour une femme qui voyage seule. »

Jeanie reconnut intérieurement la justesse de cette observation.

« Et d’ailleurs j’ai un projet pour vous. Une des femmes de la duchesse et quelqu’un de ma maison, Archibald, que vous connaissez, vont partir pour Inverary, dans une calèche, avec quatre chevaux que je viens d’acheter ; et comme il y a place pour vous dans la voiture, ils vous mèneront jusqu’à Glascow, d’où Archibald trouvera moyen de vous envoyer commodément à Édim-