Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/461

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former entre elles de larges intervalles remplis par l’Océan. Roseneath, d’une bien moindre étendue, est située beaucoup plus avant dans le détroit, vers la côte occidentale, près de l’embouchure d’un lac appelé le Gare-Loch, et non loin du Loch-Long et du Loch-Seantou Holy-Loch[1], qui, descendant des montagnes de l’ouest, viennent se jeter dans le golfe formé par la Clyde.

Dans ces îles, les vents glacés du printemps, qui exercent leur influence malfaisante sur la végétation en Écosse, se font comparativement peu sentir, et, excepté l’île gigantesque d’Arran, elles sont peu exposées aux orages de l’Atlantique, étant renfermées dans les terres, et protégées à l’ouest par les côtes élevées du comté d’Ayr. Le saule pleureur, le bouleau et d’autres arbres de même nature croissent donc dans ces retraites favorisées, avec une abondance inconnue à la partie orientale du pays, et l’air y possède aussi cette douceur qu’on dit salutaire aux maladies de poitrine.

La petite île de Roseneath, surtout, est si remarquable par ses beautés pittoresques que, depuis une époque très-reculée, les comtes et ducs d’Argyle y viennent résider de temps en temps. Dans le principe, ils se contentaient de loger dans une espèce de rendez-vous de chasse, que par des accroissements successifs ils ont transformé en un véritable palais. Cette résidence était dans sa simplicité primitive quand la petite barque que nous avons laissée traversant le détroit s’approcha des rivages de l’île.

En touchant au lieu de débarquement qui était en partie ombragé par les feuillages épais de quelques chênes peu élevés, mais dont les larges branches s’étendaient en éventail, et qui étaient entremêlés de quelques buissons de noisetiers, ils aperçurent à travers les arbres deux ou trois personnes qui semblaient attendre leur arrivée. Jeanie les avait à peine remarquées, de sorte qu’elle éprouva un mouvement de surprise semblable à un choc électrique, lorsque les rameurs l’ayant transportée de la barque sur le rivage, elle se trouva dans les bras de son père.

Cet événement était trop merveilleux pour pouvoir y croire, trop semblable à un heureux rêve pour en avoir la réalité. Elle se dégagea de ses bras où il la tenait serrée dans un étroit et affectueux embrassement, et s’éloigna de lui de deux ou trois pas pour le regarder et s’assurer que ce n’était pas une illusion.

Mais le doute était impossible, c’était Davie Deans lui-même,

  1. Lac saint. a. m.