Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/93

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pouvoir jeter quelque lumière sur cette mystérieuse aventure. Un vieillard, qui mourut il y a vingt ans, à l’âge avancé de quatre-vingt-treize ans, avait fait, disait-on, à l’ecclésiastique qui l’assistait dans ses derniers moments, des révélations concernant l’émeute Porteous. Ce vieillard avait été charpentier de son métier, et employé en cette qualité dans une famille honorable et opulente. Sa réputation dans tout le cours de sa vie et parmi ses voisins fut toujours excellente, et jamais on n’éleva contre lui le moindre soupçon. Voici ce qu’il déclara dans sa confession, « qu’il était un des douze jeunes gens du village de Pathead dont l’animosité contre Porteous, à cause de l’exécution de Wilson, était si violente, qu’ils résolurent de se venger sur lui de leurs propres mains plutôt que de laisser le capitaine impuni. Cette résolution arrêtée, ils traversèrent le Forth à différents endroits, se réunirent dans le faubourg de Portsburgh, où leur nombre attira bientôt la foule autour d’eux. » L’esprit public était dans un tel état d’irritation, qu’il ne fallait qu’une étincelle pour produire une explosion, et cette étincelle jaillit de la réunion de cette bande peu nombreuse, mais déterminée. L’apparence d’ordre et de préméditation qui distingua l’insurrection dès son origine, d’après le récit du vieillard, était non le résultat d’un plan arrêté d’avance, mais dans le caractère de ceux qui la dirigeaient. Ce récit sert à expliquer comment jusqu’à présent on n’a rien découvert sur la cause du tumulte, parce que ce tumulte, tout considérable qu’il fût, ne provenait, toujours au dire du vieillard, que d’une cause obscure et en apparence fort petite.

Mais j’ai été désappointé en recevant le témoignage sur lequel repose cette histoire. Le propriétaire actuel de la ferme où mourut le vieillard (un de mes amis particuliers) se chargea d’interroger le fils du défunt sur ce sujet. Celui-ci exerce la même profession que son père et occupe la place de charpentier dans la même famille. Il a reconnu que le départ de son père pour les pays étrangers, dans le temps du tumulte de Porteous, avait été généralement attribué à la part qu’il avait prise dans cette affaire ; mais il a ajouté que, d’après ce qui était à sa connaissance, le vieillard n’avait jamais fait de révélation là-dessus ; qu’au contraire il avait nié constamment qu’il eût été présent au meurtre du capitaine. En conséquence, mon ami s’adressa à la personne de qui il avait peu auparavant entendu raconter l’histoire de la confession ; mais cette personne, soit par respect pour la mémoire