Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/21

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que nous traitons. Nous éviterons ainsi la pénible tâche de raconter d’absurdes et féroces contestations entre des princes dont les noms ne se peuvent prononcer ; récits d’où le lecteur, pour citer une phrase de Milton en pareille circonstance, ne retire aucune instruction plus précieuse que s’il lisait les détails d’une guerre entre des milans et des corneilles.

À Kenneth succéda son frère Donald, car le mode de succession dans les familles royales tant des Scots que des Pictes, était favorable aux collatéraux, et le frère d’un monarque défunt était souvent appelé au trône de préférence à son fils, afin, on peut le supposer, d’échapper à l’inconvénient de minorités fréquentes. Il n’y a rien à dire de Donald, et presque rien de Constantin son neveu, fils de Kenneth, qui régna après lui. Le dernier mourut en défendant son territoire contre une invasion des Danois, qui étaient alors le fléau du siècle ; ou, si on croit la tradition, il fut fait prisonnier vivant, et sacrifié, dans une caverne située sur le bord de la mer dans la paroisse de Crail, aux mânes du général ennemi qui avait succombé dans l’action. Les successeurs de Constantin furent Rodh, Eocha et Crig, qui régnèrent ensemble ; après eux le trône fut occupé par un Donald, quatrième du nom, et par un Constantin III. Tout ce qu’il est nécessaire de dire des quatre premiers, c’est que leurs règnes offrent les mêmes scènes de meurtres et de sang qui nous épouvantent dans les annales de cette époque, et que ces horreurs n’amènent pas de plus heureux résultats. Constantin III n’est célèbre que pour s’être ligué avec Anlaf, roi de la mer[1], dans le but d’envahir l’Angleterre, et avoir partagé la défaite que les Norses-Men[2] essuyèrent d’Athelstane à la grande bataille de Brunnanburgh. Échappé au massacre de cette sanglante journée dans laquelle il perdit un vaillant fils, Constantin se retira dans un cloître et devint supérieur de moines[3] en 952, la quatorzième année de son règne.

Malcolm, premier d’un nom qui est fameux dans l’histoire d’Écosse, agrandit ses domaines d’une acquisition précieuse. Nous n’avons pas eu encore l’occasion de mentionner que, vis-à-vis du royaume breton de Strath-Clyde, s’en trouvait un autre de

  1. La plupart de ces pirates du nord se décoraient fastueusement alors du titre de rois de la mer. a. m.
  2. C’est-à-dire hommes du nord, et il s’agit ici des Danois et des Norvégiens. a. m.
  3. Culdes, dit le texte : ordre de moines, qui s’éteignit avant l’établissement du protestantisme en Écosse. a. m.