Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/43

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cès marqué. L’année suivante, il renouvela la tentative, qui se termina d’une manière très désastreuse.

Il s’était établi sous les murs d’Alnwick, forteresse fatale à sa famille, et épiait les mouvements de la garnison, tandis que sa nombreuse armée où ne régnait aucune discipline pillait le pays. Sur les mêmes entrefaites, une bande de ces barons du nord de l’Angleterre, dont les aïeux avaient gagné la bataille de l’Étendard, étaient arrivés à Newcastle, et firent une sortie pour nettoyer les campagnes. Ils étaient environ quatre cents cavaliers, et avaient galopé au hasard, cachés par un épais brouillard du matin. Lorsqu’ils songèrent à revenir sur leurs pas, ils ne surent plus quelle route prendre ; mais Bernard de Baliol s’écria que, quand même tous les autres tourneraient bride, il irait seul en avant, et qu’il y mettait son honneur. Ils continuèrent donc à marcher, et toujours à l’aventure. Le brouillard finissant par s’éclaircir soudain, ils aperçurent les bastions d’Alnwick, et se trouvèrent près d’un corps d’une soixantaine de chevaux avec lequel Guillaume, le roi d’Écosse, battait la contrée. D’abord, il prit les Anglais pour un escadron des siens ; puis, quand il fut détrompé : « Eh bien ! dit-il intrépidement, nous allons voir qui d’eux ou de nous sont les meilleurs chevaliers ». Alors il chargea à la tête de la poignée d’hommes qui l’accompagnait ; mais il fut renversé de sa monture, et fait prisonnier avec plusieurs des principaux de sa suite. Les barons du nord, craignant que la nombreuse armée écossaise ne survînt, se retirèrent en toute hâte vers Newcastle, emmenant avec eux leur royal captif. Guillaume fut présenté au roi Henri, à Northampton, les jambes liées sous le ventre d’un cheval, indigne traitement d’un prince captif, proche parent de son vainqueur. Il faut toutefois se rappeler que l’intervention de Guillaume dans les querelles domestiques de la famille de Henri devait avoir irrité fortement ce dernier contre lui, et qu’à cette époque, on n’était pas très scrupuleux sur la manière d’assouvir son ressentiment.

Il est raisonnable de supposer que Henri II, avec des sentiments si vindicatifs envers son prisonnier, ne dut le relâcher sans doute qu’aux plus rigoureuses conditions. D’ailleurs l’absence du roi occasiona un désordre si complet dans le système du gouvernement, tel qu’il existait alors en Écosse, que la noblesse et le clergé du royaume consentirent, pour que Guillaume recouvrât la liberté, à ce qu’il devînt homme-lige du monarque anglais, et