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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/52

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quoiqu’ils attribuent l’insuccès total de l’entreprise à la fureur des éléments. Puis le nombre des défenseurs augmentait de jour en jour, tandis que l’ardeur des assaillants diminuait ; et Hacon, après une persévérance aussi longue que désespérée dans son projet de descendre à terre, y renonça enfin et s’enfuit avec sa flotte tout endommagée, par le détroit qui sépare l’île Skie du continent, et qui appelée depuis Kile-Haken, conserve encore ce nom. Doublant l’extrémité septentrionale de l’Écosse, le roi de Norwège, après beaucoup de pertes et de souffrances, atteignit les Orcades, qui alors lui appartenaient, et malade depuis longtemps, épuisé surtout par l’ambition déçue et par l’orgueil blessé d’un soldat, il y mourut peu de semaines après son fatal échec de Largs. La conséquence de cette action décisive fut un traité par lequel la Norwège cédait à Alexandre III toutes les îles de la mer occidentale d’Écosse, et même toutes celles qui avoisinent cette contrée, à l’exception des Orcades et des Shetland, pour l’abandon desquelles le roi écossais et son pays convinrent de payer en quatre fois une somme de 4,000 marcs, plus une rente de 100 marcs à perpétuité.

En 1281, l’alliance devint encore plus étroite par le mariage d’Éric, le jeune roi de Norwège, avec Marguerite, fille d’Alexandre III et de la princesse anglaise du même nom. Ils n’eurent qu’un seul enfant qui s’appela aussi comme sa mère, mais que l’histoire écossaise nomme la fille ou pucelle de Norwège, et dont la mort prématurée forme, ainsi que nous le verrons plus tard, une page tout-à-fait sombre dans les annales d’Écosse.

Il faut mentionner ici, avant d’aller plus loin, que pendant une petite querelle qui s’était élevée entre Alexandre et son clergé, le légat papal en Angleterre voulut intervenir dans le but de se faire ensuite payer largement de sa peine. Mais le roi et l’église écossaise, après avoir fort sagement terminé leur dispute sans aucun besoin de médiation, arrêtèrent que, comme les pouvoirs du légat ne s’étendaient qu’à l’Angleterre seule, il ne lui serait pas permis d’entrer dans le royaume d’Écosse, ni d’y exercer la moindre autorité. Ils montrèrent la même rigueur dans un autre cas. Le pape Clément IV requérant les prélats écossais de payer au roi d’Angleterre la dixième partie de leurs bénéfices pour subvenir aux dépenses d’une croisade projetée, l’Église écossaise tint un concile général et rejeta la requête.

L’Écosse ne put cependant échapper à la rage épidémique des