Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/68

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ronne, ce ne serait qu’à la condition de se regarder comme un simple instrument aux mains d’un supérieur aussi hautain qu’arbitraire, qui était résolu à le jeter de côté à la première occasion, et à entasser tant d’insultes, tant d’ignominies sur le semblant d’autorité royale qu’il tenait de son bon plaisir, que la patience enfin lui manquât. Le roi d’Écosse se détermina donc à s’arracher d’une position si honteuse, et à s’affranchir lui et son peuple du joug d’un usurpateur étranger.

Les circonstances paraissaient favorables à un tel dessein, car la discorde avait éclaté entre les royaumes de France et d’Angleterre, au sujet de quelques droits féodaux pour lesquels Édouard s’était montré un vassal aussi intraitable et aussi désobéissant envers Philippe de France, qu’il se montrait un supérieur sévère et absolu à l’égard de Baliol.

Saisissant une si belle occasion, Baliol par un traité secret s’allia avec la France et se tint sur ses gardes. Les nobles écossais se joignirent à lui pour secouer le joug d’Édouard, mais refusèrent de lui donner la direction des préparatifs qui furent faits pour la défense nationale. Ne se fiant ni en sa sagesse, ni en sa fermeté, ils l’envoyèrent dans un château lointain où ils le retinrent dans une espèce de captivité honorable, et mirent leurs levées sous les ordres de chefs dont le patriotisme semblait moins douteux.

Édouard, se mettant lui-même à la tête de quatre mille cavaliers et de trente mille fantassins, les plus beaux soldats d’Europe, se dirigea vers le Northumberland. Anthony Beck, évêque de Durham, joignit, tout évêque qu’il était, l’armée royale avec un nombreux corps de troupes. Berwick, qu’ils assiégèrent, fut pris d’assaut, quoique vaillamment défendu. Plus de dix-sept mille des habitants sans défense furent égorgés dans le massacre qui suivit, et la ville qui était fort riche fut complètement pillée. Une trentaine de marchands flamands s’étaient retranchés dans une espèce de château fort appelé Redhall, avec promesse de le défendre contre les Anglais ; ils tinrent bon jusqu’à la fin et périrent honorablement parmi les ruines de l’édifice.

Bruce, le compétiteur, le comte de March et d’autres nobles écossais du sud, se réunirent au roi Édouard, en place de se déclarer contre lui. Le premier se flattait vainement que Baliol, une fois exclu du trône, et la couronne d’Écosse venant à être déclarée vacante par la forfaiture de son rival, elle serait placée