Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 29, 1838.djvu/9

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tant que les flammes ne dévorèrent que des victimes vulgaires, on laissa continuer tranquillement les supplices ; mais une fois qu’elles envahirent les hautes classes de la société, l’intérêt de ces dernières s’unit enfin à la raison, et le fanatisme de l’ignorance dut calmer sa fureur ; les conciles eux-mêmes, dont les décisions avaient jusqu’alors servi de types aux lois barbares qui légitimaient de pareilles atrocités, devinrent nécessairement plus humains. Charlemagne avait prononcé une sentence solennelle, mais fort innocente contre une aurore boréale que les théologiens lui désignaient comme déchaînant une horde de sorciers sur la France ; de leur côté, les conciles durent de même plus tard se restreindre à prescrire seulement des exorcismes et des conjurations jusqu’au xviiie siècle, où l’arme du ridicule et les progrès de la civilisation finirent par faire justice de toutes ces jongleries déshonorantes pour l’humanité.

L’auteur des Lettres sur la Démonologie suit les différentes phases de ces idées superstitieuses et bizarres, chez les diverses nations, en accordant toutefois à la sienne une prédilection marquée ; se rappelant sans doute, ainsi que nous l’avons dit plus haut, qu’il devait un commentaire à ses lecteurs. On doit le féliciter d’avoir si bien rempli sa tâche pour l’instruction et le plaisir de tous.


ALBERT-MONTÉMONT.


Paris, janvier 1838.