Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/11

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— Encore si, comme quelques-uns de nous, dit M. Oldbuck, il avait eu l’esprit de la placer dans un pays assez éloigné pour que personne n’eût pu le contredire.

— Quant à cela, dit le président, il faut que vous considériez que le roman avait été composé pour l’Allemagne, où les mœurs et le crw[1] du pays de Galles sont tout à fait inconnus.

— Je désire qu’on ne nous fasse pas le même reproche dans le roman que nous nous hasardons de mettre au jour, » dit le docteur Dryasdust[2] montrant quelques livres placés sur la table. « Je crains que les mœurs peintes dans les Fiancés n’obtiennent qu’avec peine l’approbation du cymmerodion. J’aurais désiré que nous eussions examiné Llhuyd[3], consulté Powel[4], cité l’histoire de Lewis[5], surtout les dissertations préliminaires, pour donner à l’ouvrage tout le poids convenable.

— Donner du poids à l’ouvrage ! dit le capitaine Clutterbuck[6] : sur mon âme, docteur, il est déjà assez lourd.

— Parlez au fauteuil[7], » dit le président avec un peu d’humeur.

« Eh bien ! dit le capitaine Clutterbuck, je dis donc au fauteuil que notre roman des Fiancés est assez lourd pour briser le fauteuil de John de Gand, ou même Cador-Edris[8]. J’ajouterai cependant que, d’après mon opinion, le talisman est conduit avec plus de facilité.

— Quoiqu’il me soit défendu de parler, dit le digne ministre des Eaux de Saint-Rouan[9], je dois dire cependant que, travaillant depuis un espace de temps si considérable au Siège de Ptolémaïs, mon ouvrage, quelque humble qu’il soit, devrait être mis au jour du moins avant tout autre traitant ce même sujet.

— Votre Siège ! ministre, » dit M. Oldbuck d’un air de mépris évident ; « voulez-vous donc parler en ma présence de votre pitoyable prose, lorsque je vois remettre ad grœcas kalendas mon

  1. Sorte d’eau-de-vie assez recherchée parmi le peuple anglais. a. m.
  2. Celui auquel est dédié le roman d’Ivanohe. a. m.
  3. Auteur gallois. a. m.
  4. Annotateur et éditeur de Lhhuyd, auteur précité. a. m.
  5. Antiquaire anglais. a. m.
  6. Celui auquel est adressé le roman du Monastère. a. m.
  7. C’est-à-dire, parlez au président, parce qu’en Angleterre les orateurs du parlement ne s’adressant pas à l’assemblée, mais au président de chaque chambre : c’est le contraire en France. a. m.
  8. Montagne au pays de Galles. a. m.
  9. Saint-Ronan’s Well, roman de Walter Scott. a. m.