Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/40

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tre faite dans un cas différent. Celui qui promet, dit Berenger, ne peut échapper au reproche d’avoir été parjure, sous le prétexte que l’obligation qu’il a contractée était le résultat de l’ivresse.

— En supposant, dit Denis, qu’il y eût véritablement parjure, l’abbé de Glastonbury pourrait vous absoudre moyennant un florin.

— Cette absolution effacera-t-elle la honte qui aura rejailli sur moi ? demanda Berenger. Oserai-je me montrer au milieu d’autres chevaliers, après avoir trahi ma foi pour éviter de combattre un Gallois et les sauvages nus qu’il commande ? Non, Denis Morolt, qu’il ne soit plus question de cela ; il ne s’agit pas en ce moment d’examiner si le sort peut ou non nous être favorable ; nous les combattrons aujourd’hui en rase campagne.

— Il peut se faire, dit Flammock, que Gwenwyn oublie votre promesse, seigneur, et qu’il ne paraisse point à l’endroit désigné ; car on dit que vos vins de France ont porté sérieusement à sa tête galloise.

— Il me rappelait encore ma promesse le lendemain matin du jour où je la fis, répondit le châtelain. Croyez-moi, il n’oubliera pas ce qui peut lui donner l’espoir de m’éloigner à jamais de son chemin. »

Comme il parlait encore, ils s’aperçurent que de vastes nuages de poussière, qu’on avait remarqués dans divers points de la campagne, descendaient vers le côté opposé de la rivière où se trouvait un ancien pont conduisant au lieu désigné pour le combat. La cause de ce mouvement ne leur échappa point. Il était évident que Gwenwyn, rassemblant à ses côtés les différents partis qui avaient commis des brigandages partiels, se dirigeait alors vers le pont qui menait à la plaine.

« Précipitons-nous à leur rencontre pour leur disputer le passage, s’écria Denis Morolt ; nous pourrons les combattre sans trop d’inégalité, si nous profitons de l’avantage que nous offre la défense du pont. Vous avez promis de prendre la plaine pour champ de bataille, mais rien ne vous oblige à renoncer à l’avantage qui se présente. Nos hommes, nos soldats sont prêts ; que nos archers défendent nos remparts, et sur ma vie la victoire est à nous.

— Quand je promis de marcher à sa rencontre dans la plaine, répondit Raymond Berenger, je voulais donner au Gallois l’immense avantage de l’égalité du terrain. Telle était mon intention.