Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/59

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— Ma réponse sera que je n’y consentirai qu’après avoir obtenu une avantageuse capitulation.

— Comment, Wilkin, osez-vous parler de capitulation lorsqu’il s’agit du château de Garde-Douloureuse ? dit le moine.

— Certes, je ne rendrai pas le château si je puis faire mieux, dit le Flamand ; mais Votre Révérence voudrait-elle que j’attendisse que la garnison décidât quel est le meilleur d’un moine dodu ou d’un Flamand bien gras ?

— Allons, reprit le père Aldrovand, de telles folies sont hors de propos. Un renfort doit arriver dans les vingt-quatre heures au plus tard ; Raymond, vous le savez, nous l’avait assuré.

— Raymond s’est trompé ce matin plus d’une fois, répondit le Flamand.

— Écoute, flandrin, » répliqua le moine, qui, quoique retiré du monde, n’avait pas perdu ses penchants et ses habitudes militaires, « je te conseille d’agir avec droiture dans cette affaire, si tu tiens encore à la vie ; car il se trouve assez d’Anglais ici, malgré la perte de ce jour, pour te précipiter, ainsi que tes Flamands, dans les fossés du château, si on venait à te supposer capable de le rendre, ou de trahir les intérêts de lady Éveline.

— Que Votre Révérence ne conçoive pas des craintes vaines et mal fondées, répliqua Wilkin Flammock. Le seigneur de ce château m’en a confié la garde, et je remplirai mon devoir.

— Mais moi, » dit le moine irrité, » je suis un des serviteurs du pape, le chapelain de ce château, investi du pouvoir de lier et de délier. Wilkin Flammock, je crains que tu ne sois pas bon chrétien, mais partisan de l’hérésie des montagnards. Tu as refusé de prendre la sainte croix ; tu as déjeuné, tu as bu de l’ale et du vin avant d’avoir entendu la messe. Je le vois, tu ne peux inspirer de la confiance et je me défie de toi. Je demande à assister à la conférence que tu dois avoir avec le Gallois.

— Cela ne peut être, » dit Wilkin avec le même sourire et la même froideur qu’il conservait dans toutes les circonstances de la vie, quelque importantes qu’elles fussent. « Il est vrai, comme vous le dites, bon père, que j’ai mes raisons pour ne pas aller à présent sous les murs de Jéricho, et il est heureux que j’aie ces raisons, car je ne serais pas ici pour défendre les remparts de Garde-Douloureuse. Il est encore vrai que je puis avoir été quelquefois obligé de visiter mes moulins avant que le zélé chapelain ne fût monté à l’autel ; et mon corps d’ailleurs ne peut se livrer