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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/201

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de ces vers à une grossière traduction anglaise que j’ai faite d’une partie de l’original. Les cérémonies du thé semblent toucher à leur fin, et la soirée est délicieuse ; Una vous montrera le chemin conduisant à une de mes retraites favorites, où je vous rejoindrai, accompagnée de Cathleen. »

Una, ayant reçu des instructions dans sa langue natale, fit prendre au capitaine un passage différent de celui qui l’avait conduit dans l’appartement. De loin il entendit le bruit des cornemuses, et les cris ainsi que les applaudissements des convives, qui faisaient encore retentir la salle du banquet. Par le moyen d’une fausse porte ou poterne, il se trouva bientôt, ainsi que sa compagne, au milieu de la campagne ; ils se dirigèrent pendant quelque temps vers le haut de la vallée sauvage et étroite où était situé le château, en suivant le cours du ruisseau qui l’arrosait. À environ un quart de mille du manoir, deux ruisseaux se réunissaient, et leur jonction formait une petite rivière ; le plus considérable des deux descendait le long de la vallée, dont l’étendue ne comportait aucun accident ou élévation de terrain, l’œil pouvant à peine distinguer les coteaux qui la bornaient. Mais l’autre ruisseau, qui avait sa source au milieu des montagnes, à gauche du Strath, paraissait sortir d’une ouverture étroite et obscure, placée entre deux rochers. Ces ruisseaux étaient aussi doués d’un caractère différent. Le plus considérable était tranquille et même lent dans son cours ; ses eaux semblaient se replier sur elles-mêmes dans des gouffres profonds, ou rouler des masses d’eau d’un bleu foncé ; mais les mouvements de l’autre étaient rapides et furieux ; il s’élançait à travers les précipices, comme un aliéné qui, sorti de sa prison, hurle et écume. Ce fut vers la source de ce dernier ruisseau que Waverley, comme un chevalier de roman, fut conduit par la belle demoiselle des Highlands, son guide silencieux. Un petit sentier qui avait été réparé dans quelques endroits pour ouvrir un passage commode à Flora, le conduisit vers un paysage d’une nature tout opposée à celui qu’ils venaient de quitter. Autour du château, tout était froid, nu, désolé, et même barbare, mais cet étroit vallon, à une si petite distance, semblait conduire à une terre magique et idéale. Les rocs prenaient mille formes particulières et variées. Dans un endroit, un rocher d’une grosseur extraordinaire présentait sa masse gigantesque, comme pour empêcher qu’on pénétrât au-delà de la barrière qu’il formait ; et ce ne fut que lorsqu’il eut atteint sa base,