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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/222

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sa bourse, et une enquête particulière relativement aux recrues qui l’avaient précédé de Waverley-Honour. La tante Rachel lui recommandait de se rappeler ses principes religieux, d’avoir soin de sa santé, de se garantir des brouillards d’Écosse, qui, avait-elle ouï dire, mouillaient un Anglais de part en part ; de ne jamais sortir la nuit sans son surtout, et principalement de porter de la flanelle sur la peau.

M. Pembroke n’avait écrit qu’une lettre à notre héros, mais elle était du volume de six épîtres de ces jours dégénérés, contenant, dans l’étendue modérée de dix pages in-folio, écrites très-serrées, un précis d’un manuscrit in-quarto supplémentaire de addenda, delenda et corrigenda, ayant rapport aux deux brochures qu’il avait offertes à Waverley. Il considérait que ceci n’était qu’une tartine trempée dans la poêle pour apaiser l’appétit de la curiosité d’Édouard, jusqu’à ce qu’il trouvât l’occasion de lui envoyer le volume même, trop pesant pour être mis à la poste, volume qu’il se proposait d’accompagner de certaines brochures intéressantes publiées récemment par son ami de la Petite-Bretagne[1], avec lequel il avait entretenu une espèce de correspondance littéraire, ensuite de laquelle les rayons de la bibliothèque du manoir de Waverley s’étaient chargés de beaucoup de verbiage ; et un bon billet, du montant de trois chiffres au moins, arrivait chaque année à sir Éverard Waverley de Waverley-Honour, baronnet, billet tiré par Jonathan Grubbet, libraire et papetier à la Petite-Bretagne. Tel avait été jusqu’alors le style des lettres qu’Édouard avait reçues d’Angleterre ; mais le paquet qu’on lui remit à Glennaquoich était d’une nature toute différente, et bien plus intéressant. Il serait impossible au lecteur, quand même j’insérerais les lettres tout au long, de comprendre la cause qui y avait donné lieu, sans jeter un coup d’œil sur l’intérieur du cabinet anglais à cette époque.

Les ministres du jour se trouvaient (événement qui n’est pas rare) divisés en deux partis, dont le plus faible, suppléant par l’assiduité de l’intrigue à son infériorité réelle, avait récemment acquis de nouveaux prosélytes, et avec eux l’espoir de supplanter ses rivaux dans la faveur du roi, et de les accabler dans la chambre des communes. Entre autres personnages ils avaient jugé nécessaire de se servir de Richard Waverley. Cet honnête gentilhomme, par sa conduite grave et mystérieuse, son atten-

  1. Quartier de Londres. a. m.