Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/253

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« Mon bon ami, dit Waverley, si vous ne pouvez me procurer un cheval et un guide, mon domestique ira les chercher ailleurs. » — « Fort bien ! Votre domestique ? et pourquoi votre domestique ne vous accompagne-t-il pas lui-même ? »

Waverley avait naturellement très peu de la fermeté et de la résolution d’un capitaine de cavalerie ; je veux parler de ce genre de fermeté auquel j’ai eu moi-même plus d’une obligation lorsque le hasard m’a fait rencontrer en diligence quelque militaire qui voulait bien se charger de mettre les garçons d’auberge à la raison, et de taxer les comptes des aubergistes. Toutefois, pendant le temps qu’il avait servi, il avait fait quelques progrès dans cette science, si utile dans le cours de la vie, et la grossière curiosité de l’aubergiste commençait à l’échauffer.

« Vous oubliez que je suis entré chez vous pour me reposer, et non pour répondre à vos impertinentes questions. Il s’agit de me dire si vous pouvez ou non me procurer ce que je vous demande, et dans l’un et l’autre cas, je saurai le parti que j’aurai à prendre. »

M. Ebenezer Cruickshanks quitta la salle en murmurant quelques paroles entre ses dents ; mais Édouard ne put comprendre si elles étaient affirmatives ou négatives. L’hôtesse, qui lui parut une femme civile, tranquille et laborieuse, et probablement soumise en esclave à son mari, vint prendre ses ordres pour le dîner ; mais Édouard ne put en arracher de réponse au sujet du cheval et du guide ; car il paraît que la loi salique régnait dans les écuries du Chandelier d’or.

En s’approchant d’une fenêtre qui donnait sur la petite cour sombre et étroite dans laquelle Callum était occupé à frotter les chevaux après la route, Waverley entendit le dialogue suivant entre l’avisé page de Vich-Jan-Vohr et son hôte :

« Vous êtes probablement du nord, jeune homme ? » commença ce dernier. — « Vous pouvez bien le dire. » — « Et il paraît que vous avez fait une longue route aujourd’hui. » — « Assez longue pour boire volontiers la goutte. » — « Bonne femme, apportez-moi la pinte. »

Ici il y eut un échange de civilités convenables à la circonstance ; après quoi mon hôte du Chandelier d’or, qui se flattait de s’être attiré la confiance de son hôte par cette attention hospitalière, reprit la conversation.

« Vous n’avez guère de meilleur whisky que celui-ci au-dessus du Pas. » — « Je ne suis pas de ce côté-là. » — « On voit bien à