Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/350

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Waverley et Fergus ne purent qu’après de longs efforts regagner leur rang dans la colonne, qui s’avançait alors rapidement pour occuper les hauteurs du village de Tranent, car c’était entre ce village et la mer que devait passer l’armée ennemie.

La triste rencontre de Waverley avec son dernier sergent remplit son esprit de réflexions pénibles et douloureuses. Il était évident, d’après les aveux de cet homme, que les rigueurs du colonel Gardiner avaient été justement motivées et même rendues indispensables par les tentatives faites au nom d’Édouard pour exciter les soldats de son corps à la révolte. La circonstance du cachet lui revint alors en mémoire pour la première fois, et il se souvint de l’avoir perdu dans la caverne du brigand Bean Lean. Que cet adroit scélérat s’en fût emparé, qu’il s’en fût servi pour conduire à son profit une intrigue dans le régiment, c’était chose assez claire ; et Édouard ne doutait pas que le paquet placé dans son porte-manteau par la fille du brigand ne lui fournît de plus amples explications. Cependant l’exclamation réitérée de Houghton. « Ah ! jeune maître, pourquoi nous avoir quittés ? » tintait comme un glas à son oreille.

« Oui, dit-il, c’est la vérité ; j’ai agi envers vous avec la cruauté d’un étourdi. Je vous ai ravis à vos champs paternels, à la protection d’un seigneur bon et généreux ; et après vous avoir soumis à toute la rigueur de la discipline militaire, je n’ai point voulu porter ma part du fardeau. J’ai abandonné la tâche que j’avais entreprise, laissant ceux que mon devoir était de protéger, et ma propre réputation, souffrir des impostures d’un scélérat. Ô indolence et indécision d’esprit ! si vous n’êtes pas de véritables vices, à combien de cruelles misères et d’affreux tourments vous frayez parfois la route. »


CHAPITRE XLVI.

LA VEILLE DE LA BATAILLE.


Quoique les montagnards marchassent d’un bon pas, le soleil déclinait quand ils arrivèrent au faîte des hauteurs dominant la vaste plaine qui s’étend du nord à la mer, et où sont situés, mais à une grande distance l’un de l’autre, les petits villages de Seaton et de Cockenzie, et le bourg de Preston. Une des routes basses