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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/380

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cette histoire scandaleuse, mais qu’ils pensaient tous que pour son honneur et pour celui de son régiment, il fallait qu’il trouvât moyen de démentir sur-le-champ ces infamies, etc., etc.

« Que pensez-vous de tout cela ? » dit le colonel Talbot à qui Waverley passait les lettres à mesure qu’il les avait lues. — « Ce que je pense ? puis-je penser encore ! il y a de quoi rendre fou. » — Calmez-vous, mon jeune ami ; voyons un peu ces sales griffonnages qui viennent ensuite. »

La première de ces lettres était adressée à maître W. Ruffin. — « Mont chère mossieu, quelq-z-uns de nos jeunes enjôlés ne veulent pas mordre, quoiq je leur zai di que vous m’avié montré le cachait du squire. Mais Times vous remetra les lettres que vous demandé et dira au vieux Addem qui les a remize dans les mains du squire, et pareillement des votre, et qu’il serat prait pour le sinial. Et vive l’Église et Sachefrel, comme mon père chante après la moisson.

« Tout à vous, chair monsieur,
« H. H…

« P. S. Dites au squire que nous voudrions de ses lettres ; on est mécontent qu’il n’écrive pas lui-même, et le lieutenant Bottier est sur les épines. »

« Ce Ruffin, dit le colonel, ne serait-ce pas votre Donald de la caverne qui aurait intercepté vos lettres et entretenu sous votre nom une correspondance avec ce pauvre diable d’Houghton ? — « C’est bien possible ; mais qui peut être cet Addem ? » — « Addem, pour Adam sans doute ; c’est le sobriquet du pauvre Gardiner. »

Les autres lettres étaient dans le même genre, et ils reçurent bientôt des détails encore plus positifs sur les machinations de Donald Bean.

John Hodges, ancien domestique de Waverley, qui était resté au régiment, fait prisonnier à Preston, entra dans ce moment. Il cherchait son maître pour rentrer, s’il était possible, à son service. Ils apprirent de cet homme que peu de temps après que Waverley eut quitté le quartier-général du régiment, un colporteur appelé Ruthven, Ruffin ou Rivone, connu parmi les soldats sous le nom de Wily Will, avait fait de fréquents voyages à la ville de Dundee. Il paraissait avoir la bourse bien garnie, vendait à bas prix ses marchandises, semblait toujours prêt à régaler