Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/468

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

termes les plus généraux et les plus circonspects, et qu’elle eût assuré n’agir ainsi que par des motifs d’humanité et de zèle pour le service du prince, cependant elle exprimait un si vif désir que cette démarche de sa part ne fût pas connue, que le Chevalier soupçonna le profond intérêt qu’elle prenait à la conservation de Waverley. De cette conjecture, toute bien fondée qu’elle était, il tira de fausses conséquences. Ainsi l’émotion que manifesta Édouard en approchant de Flora et de Rose au bal d’Holy-Rood, le Chevalier l’attribua à la vue de cette dernière, et pensa que l’intention du baron de faire passer sa terre à son cousin, ou quelque autre obstacle de ce genre, contrariait leur inclination mutuelle. On parlait souvent, il est vrai, du mariage de Waverley avec miss Mac-Ivor ; mais le Chevalier savait que le bruit public fait souvent de pareils mariages ; observant attentivement la conduite des deux jeunes dames, il ne douta plus que le jeune Anglais ne sentît rien pour Flora, et ne fût aimé de Rose Bradwardine. Désirant attacher Waverley à son service, et faire en même temps un acte de bienveillance, le prince pressa vivement le baron de transmettre ses biens à sa fille. Bradwardine y consentit, ce qui décida Fergus à demander en même temps la main de Rose et le titre de comte ; ce que le prince lui refusa, comme on a vu. Le Chevalier, toujours occupé de ses affaires multipliées, n’avait point encore eu d’explication avec Waverley, quoiqu’il eût eu souvent l’intention de l’entretenir. Quand Fergus eut fait connaître ses prétentions, le prince sentit la nécessité de rester neutre entre les deux rivaux, désirant seulement qu’ils différassent la décision de cette affaire, qui paraissait renfermer des germes de querelles, jusqu’à la fin de l’expédition. Mais en marchant sur Derby, Fergus, questionné par lui sur son différend avec Waverley, lui ayant dit que celui-ci voulait revenir sur la demande qu’il avait faite de la main de sa sœur, le Chevalier lui dit clairement qu’il avait observé lui-même la manière d’agir de miss Mac-Ivor avec Waverley, et qu’il était convaincu que celui-ci avait des engagements avec miss Bradwardine, et que Fergus se méprenait sur sa conduite. Le lecteur n’a point encore oublié la querelle qui s’en suivit entre Fergus et Édouard. Ces détails serviront à expliquer quelques points de notre récit, que, selon la coutume des romanciers, nous avions laissés à dessein sans explication, pour exciter la curiosité du lecteur.

Quand Jeannette eut terminé son récit, Waverley put, à l’aide