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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/484

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sortant de la salle d’audience, l’avait entraîné dans la rue avant qu’il sût ce qu’il faisait. Son premier désir fut de voir Fergus, de lui parler encore une fois. Il se rendit au château où son infortuné ami était détenu ; mais il ne put en obtenir l’entrée. « Le grand-shérif, lui dit un sous-officier, a recommandé au gouverneur de ne laisser entrer chez le prisonnier que son confesseur et sa sœur. — « Où est miss Mac-Ivor ? » On lui donna son adresse : c’était chez une respectable famille catholique dans les environs de Carlisle.

N’ayant pu obtenir son admission dans le château, et n’osant pas s’adresser au shérif ou aux juges en son propre nom, qui ne les aurait pas bien disposés en sa faveur, il eut recours au solliciteur qui avait assisté Fergus pendant les débats. Il apprit que le gouvernement, redoutant l’impression que pourraient produire sur l’esprit du peuple des relations publiées par des partisans des Stuarts sur les derniers moments de ceux qui périssaient pour leur cause, on avait résolu de ne laisser communiquer avec eux aucun de leurs anciens amis, excepté leurs parents les plus proches. Cependant il promit (pour obliger l’héritier de Waverley-Honour) d’obtenir pour lui une permission de voir le prisonnier avant que les fers lui fussent ôtés pour se rendre au lieu de l’exécution.

« Est-ce de Fergus Mac-Ivor qu’on parle ainsi, pensa Waverley, ou est-ce un rêve ? du fier, du chevaleresque, de l’audacieux Fergus ? le puissant chef d’une tribu dévouée ? lui que j’ai vu conduire la chasse dans les forêts, l’attaque sur le champ de bataille ! Brave, actif, noble, l’amour des dames, le héros des ballades ! c’est lui qui est chargé de fers comme un malfaiteur, qui sera conduit sur la claie à la potence pour y mourir de la plus cruelle, de la plus horrible des morts, et ses membres être ensuite déchirés par la main des plus ignobles scélérats. C’était le diable, ce spectre qui annonça un tel destin au vaillant chef de Glennaquoich. »

D’une voix mal assurée, il pria le solliciteur de trouver moyen de prévenir Fergus de la visite qu’il comptait lui faire, dans le cas où la permission lui en serait accordée. Il le quitta ensuite ; et revenu à son auberge, il écrivit à miss Flora un billet à peine lisible, afin de lui annoncée qu’il se présenterait pour la voir dans la soirée. Le messager rapporta une lettre de miss Flora, écrite de sa belle écriture italienne : sa main semblait à peine