Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/497

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Mais avant de m’engager dans un sujet dont la longueur est passée en proverbe, je dois prier le lecteur de se souvenir des progrès d’une pierre que fait rouler du haut en bas d’une montagne un enfant oisif (sorte de passe-temps auquel je me souviens de m’être amusé dans mes plus jeunes années) ; elle roule d’abord doucement, se détourne à chaque obstacle qui s’oppose à son passage ; mais quand elle est dans toute la force de sa chute, qu’elle approche du terme de sa carrière, elle imite la violence et le bruit du tonnerre, franchit à chaque saut vingt pieds d’espace, traverse les haies, les buissons comme un chasseur du Yorkshire, devenant d’autant plus rapide, d’autant plus furieuse qu’elle est plus près du moment où elle sera condamnée au repos pour toujours. Telle est, dans son cours, une narration semblable à celle que nous faisons en ce moment. Les premiers événements sont racontés avec un soin minutieux, afin que vous, aimable lecteur, vous soyez initié à la connaissance des caractères, par la narration elle-même, ou par l’intermédiaire moins intéressant d’une description directe. Mais quand l’histoire arrive à son dénoûment, nous sautons par-dessus les circonstances les plus importantes, sur lesquelles notre imagination s’était déjà arrêtée avec complaisance, nous vous laissons le soin de supposer ce que nous ne pourrions, sans abuser de votre patience, vous rapporter tout au long.

Aussi nous sommes si loin de donner la relation des démarches de MM. Clippurse et Hooken, ou de celles de leurs dignes confrères, hommes d’affaires, qui furent chargés d’obtenir l’expédition du pardon d’Édouard et de son futur beau-père ; nous sommes si loin de cela, disons-nous, que nous effleurons à peine des matières beaucoup plus importantes. Par exemple, les lettres que s’écrivirent à cette occasion sir Éverard et le baron, quoique de vrais modèles d’éloquence dans leur genre, seront condamnées par nous à un oubli impitoyable. Je ne vous dirai pas, avec tous les détails convenables, comment la respectable tante Rachel, par une allusion délicate aux circonstances qui avaient fait passer dans les mains de Bean Lean les diamants dont Rose avait hérité de sa mère, lui offrit un écrin contenant une parure qu’aurait enviée une grande-duchesse. Je prie le lecteur d’avoir la bonté de supposer qu’on pourvut dignement au sort de Job Houghton et de son épouse, quoiqu’on ne pût leur persuader que leur fils était mort autrement qu’en combattant avec le jeune squire ; si bien