Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pait plus nos oreilles. Je fis alors donner aux chiens la curée, et les ayant fait attacher par deux, je chargeai le bouffon de les conduire, et nous errâmes au milieu des bois à l’effet de vous rejoindre. Tout me portait à croire que la chasse vous avait entraînés dans une direction différente de la nôtre. Enfin, passant près du taillis où vous nous avez trouvés, je fus surpris d’entendre siffler au-dessus de moi la flèche d’une arbalète : je tirai mon épée et me précipitai vers ce taillis ; mais je fus à l’instant même attaqué par deux scélérats, tandis que deux autres se dirigèrent vers ma sœur et Grégoire. Le pauvre diable s’enfuit appelant au secours, et poursuivi par mon indigne parent, aujourd’hui votre prisonnier. L’autre brigand se disposait sans doute à assassiner ma sœur, ma chère Emma ; mais il fut arrêté dans ses desseins par la soudaine apparition d’un brave piqueur, qui, après un combat de quelques instants, renversa le mécréant à ses pieds, et accourut à mon secours. J’étais déjà légèrement blessé, et presque accablé sous les efforts réunis de mes deux assassins. Le combat dura quelque temps, car l’un et l’autre étaient bien armés, robustes, et excités par le désespoir. Enfin, cependant, nous venions, mon libérateur et moi, de terrasser nos ennemis, lorsque votre suite, seigneur Boteler, arriva pour nous secourir. Telle est la fin de mon histoire ; mais, foi de chevalier, je donnerais une rançon de comte pour que l’occasion se présentât de remercier le brave garde-chasse à qui je suis redevable de la vie. »

« Ne craignez rien, dit lord Boteler ; s’il habite ce comté ou l’un des quatre comtés voisins, on le trouvera, je vous le jure. Mais maintenant plaira-t-il à lord Fitzosborne de quitter l’armure dont il s’est si généreusement couvert pour nous protéger ? et chacun de nous alors se préparera pour le banquet. »

L’heure du dîner approchant, lady Matilde et sa cousine visitèrent la chambre de la belle Darcy : ces dames la trouvèrent dans une disposition d’esprit calme, mais mélancolique. Elle fit tomber la conversation sur les malheurs de sa vie, et ajouta qu’ayant retrouvé son frère et le voyant rechercher la société d’une personne qui le dédommagerait amplement de la perte d’une sœur, elle pensait à consacrer le reste de sa vie à l’Éternel, qui, par sa puissance divine, l’avait tant de fois sauvée.

Le peu de mots de ce discours qui concernaient Matilde la rendirent confuse, et elle ne put cacher la rougeur qui couvrait