Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/105

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ner des renseignements sur une propriété qui est à vendre dans ce pays. C’est un château pour lequel j’ai une folle partialité, et j’espère que mes offres seront acceptées de ceux qui s’en défont, d’autant plus qu’il y a une intrigue ourdie pour l’acheter au-dessous de sa valeur. Mes compliments respectueux à miss Mervyn ; et, malgré vos prétentions à être un jeune et joli garçon, je vous charge d’embrasser Julia pour moi. Adieu, mon cher Mervyn, à vous pour toujours.

« Guy Mannering. »

M. Mac-Morlan entra en ce moment dans la chambre ; le caractère bien connu du colonel Mannering avait tout de suite disposé ce gentleman, qui était un homme plein d’intelligence et de probité, à s’ouvrir à lui avec confiance. Il lui détailla les avantages et les désavantages de la propriété. La majeure partie du domaine est vendue, dit-il, sous réserve des héritiers mâles, et l’acquéreur aura le privilège de retenir entre ses mains une grande partie du prix de cette acquisition, si le fils dont on n’a pas de nouvelles vient à reparaître dans un temps limité.

« Pourquoi donc alors forcer cette vente ? » dit Guy Mannering.

Mac-Morlan sourit. « En apparence, dit-il, pour que l’intérêt de l’argent remplace les rentes mal payées et précaires d’un domaine en mauvais état ; mais, dans la réalité, je pense que c’est pour seconder les vues et les désirs d’un homme qui, ayant l’intention de l’acheter, est devenu d’avance un des principaux créanciers, et s’est fourré dans ces affaires par des moyens connus de lui seul. Comme on le pense aussi, il trouverait très agréable d’acheter le domaine sans en payer le prix. »

Mannering se concerta avec M. Mac-Morlan sur les moyens à employer pour déjouer les projets de cet homme sans principes. Ensuite ils conversèrent long-temps sur la singulière disparition de Henri Bertram, arrivée, dans sa cinquième année, le jour de sa naissance, suivant l’étrange prédiction de Mannering, dont celui-ci, comme on doit le penser, ne se vanta pas. M. Mac-Morlan n’était pas dans le pays lorsque l’accident arriva, mais il en connaissait bien toutes les circonstances, et il promit à notre héros de lui en faire donner le détail par le shérif-député lui-même, si, comme il se le proposait, il acquérait une propriété dans cette partie de l’Écosse. Dans cette assurance, ils se séparèrent satisfaits l’un et l’autre de leur conférence.