Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/14

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Fouqué, quoique, s’il existait alors, l’auteur ne l’eût point encore lu.

On peut suivre les traces de ce plan dans les trois ou quatre premiers chapitres de l’ouvrage ; mais de nouvelles considérations engagèrent l’auteur à renoncer à ce projet. Il pensa, après avoir mûrement réfléchi, que l’astrologie, bien que son influence fût reçue et admirée par Bacon lui-même, n’avait pas assez d’empire sur l’esprit de la génération actuelle pour en faire le moyen principal d’un roman. Ensuite il vit que, pour traiter convenablement un tel sujet, il faudrait non seulement plus de talent qu’il ne croit en posséder, mais encore soulever des questions et des discussions d’une nature trop sérieuse pour son but et pour le caractère du récit qu’il entreprenait. Il changea donc son plan ; mais l’impression était déjà commencée, les premières feuilles conservèrent des traces de la conception primitive, quoiqu’elles ne soient plus qu’un hors-d’œuvre aussi inutile que peu naturel. En expliquant et reconnaissant ce défaut, l’auteur espère se concilier l’indulgence de ses lecteurs.

Il n’est peut-être pas sans intérêt de remarquer ici que, tandis que les connaissances astrologiques sont tombées dans un mépris général, et ont été remplacées par des superstitions plus grossières et d’un caractère moins élevé, elles ont, même dans nos temps modernes, conservé encore quelques sectateurs.

Un des croyants les plus remarquables dans cette science oubliée et méprisée, était un vieux et célèbre professeur de tours de passe-passe. On aurait pensé qu’un homme dont la profession consiste à tromper de mille manières les yeux du public, devait être moins accessible qu’un autre à la superstition. Peut-être l’usage habituel de ces calculs abstraits, par lesquels l’artiste, à son propre étonnement, fait tant de tours de cartes, porta ce gentleman à étudier la combinaison des étoiles et des planètes, dans l’espoir d’y découvrir les événements de l’avenir.

Il construisit le thème de sa nativité, et le calcula suivant les règles données par les meilleurs auteurs. Le résultat, quant au passé, s’accordait bien avec ce qui lui était arrivé jusqu’alors, mais dans l’importante partie de l’avenir il se présentait une singulière difficulté : il y avait deux années durant le cours desquelles il ne pouvait, par aucun moyen, savoir exactement si le sujet du thème était mort ou vivant. Inquiet sur une circonstance si importante, il donna le thème à un astrologue son confrère, qui fut également arrêté de la même manière. À une époque il trouva que le sujet était sûrement en vie ; à une autre, qu’il était mort sans aucun doute ;