Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/246

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nous pouvons faire autrement. Mais il est dans le cas d’être arrêté par la justice, d’abord comme portant le même nom que votre lieutenant, compromis dans l’affaire de Woodbourne, et ensuite pour avoir tiré sur le jeune Hazlewood, dans l’intention de le tuer ou de le blesser. — Oui, oui. Mais à quoi cela vous servira-t-il ? il sera remis en liberté sitôt qu’il aura arboré son véritable pavillon. — Cela est très vrai, mon cher Dirk ; la remarque est fort juste, mon ami Hatteraick. Mais il y a bien là de quoi le retenir en prison, jusqu’à ce qu’il ait fait venir ses preuves d’Angleterre ou d’ailleurs. J’entends un peu les lois, capitaine Hatteraick, et je me charge, moi, Gilbert Glossin d’Ellangowan, juge de paix de ce comté, de faire refuser toutes ses cautions, quand ce seraient les meilleures de tout ce pays, jusqu’à ce qu’il ait subi un second interrogatoire… Maintenant, où croyez-vous que je le ferai incarcérer ! — Mille tempêtes ! qu’est-ce que cela me fait, à moi ? — Un moment, mon ami, cela vous fait beaucoup. Savez-vous que vos marchandises, qui ont été saisies et transportées à Woodbourne, sont maintenant déposées dans la maison de la douane à Portanferry (petite ville de pêcheurs) ? Ainsi donc je ferai enfermer ce jeune homme… — Quand vous l’aurez pris. — Oui, oui, quand je l’aurai pris, et ce ne sera pas long… Je l’enfermerai dans la maison de travail, dans le Briderwel ; vous savez que cette maison est attenante à celle de la douane. — Oui, oui, je connais cela parfaitement. — Je ferai en sorte que la garnison soit occupée ailleurs ; vous aborderez pendant la nuit avec votre lougre, monté de tout son équipage ; vous reprendrez vos marchandises, et vous emmènerez le jeune Brown avec vous à Flessingue. Cela n’est-il pas bien imaginé ? — Oui, à Flessingue, dit le capitaine, ou… en Amérique ? — Oui, oui, mon ami. — Ou… À Jéricho ? — Parbleu ! où il vous plaira. — Oui ; ou bien…., on le fera sauter par dessus le bord ? — Non, je ne vous conseille aucune violence. — Sans doute. Mais vous vous en rapportez à moi. Ouragan et tempête ! je vous connais d’ancienne date. Mais dites-moi ce que Dirk Hatteraick gagnera à cela ? — Comment ! n’y trouvez-vous pas votre compte, comme moi le mien ? et ne vous ai-je pas ce matin remis en liberté ? — Vous m’avez mis en liberté ! diable et tonnerre ! je m’y suis mis moi-même. D’ailleurs, comme vous disiez hier, il y a bien long-temps de cela, ha ! ha ! ha ! — Allons, allons ! pas de plaisanterie. J’aime comme les autres un joli conte… mais c’est votre affaire autant que la mienne. — Que dites-vous, mon affaire ? n’est-ce pas