Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/352

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la famille elle-même) ; dans une affaire, dis-je, où le château et la maison d’Hazlewood courent de si grands risques. — Je crois pourtant, mon père, que Glossin a approuvé cette mesure. — Monsieur, j’ai jugé bon, juste et convenable de le consulter, comme le magistrat le plus voisin, dès que le bruit de l’attaque projetée est venu à mes oreilles ; et quoiqu’il ait refusé, par égard, par respect pour mon rang, de placer sa signature à côté de la mienne, il a hautement approuvé l’ordre que j’ai donné. »

En ce moment on entendit un cheval arrivant au galop dans l’avenue. Bientôt la porte s’ouvrit, et M. Mac-Morlan entra. « Je vous prie de m’excuser, sir Robert, si je vous importune, mais… — Monsieur Mac-Morlan, dit sir Robert en le saluant d’une manière gracieuse, vous n’êtes nullement importun ; car obligé, par votre place de substitut du shérif, de veiller à la paix du comté, et vous proposant sans doute de défendre avant tout la maison d’Hazlewood, vous avez le droit reconnu, admis et incontestable d’entrer sans invitation chez le premier gentilhomme d’Écosse… en supposant toujours que vous y venez à l’occasion de vos fonctions… — C’est le désir de remplir mes fonctions, dit Mac-Morlan impatient de prendre la parole, qui m’oblige à vous importuner. — Vous n’êtes pas importun, » répéta le baronnet en lui présentant gracieusement la main.

« Permettez-moi de vous dire, sir Robert, que je ne viens pas avec l’intention de m’arrêter ici, mais de ramener ces soldats à Portanferry ; je réponds que votre maison n’est aucunement menacée. — Ôter au château d’Hazlewood les troupes qui doivent le défendre ! » s’écria le baronnet avec autant d’indignation que de surprise ; « et vous répondez que ma maison n’est aucunement menacée ! Qui êtes-vous, je vous prie, monsieur, pour que je reçoive votre assurance, votre caution, votre garantie officielle ou personnelle, pour la sûreté du château d’Hazlewood ? Je pense, monsieur… je crois, monsieur, j’imagine, monsieur, que, si un seul de ces portraits de famille était lacéré, détruit, insulté, il vous serait difficile de réparer une telle perte, malgré la garantie que vous m’offrez si obligeamment. — Si la chose arrivait, j’en serais désolé, sir Robert ; mais je me flatte que je n’aurai pas à me reprocher d’avoir été la cause d’un tel malheur ; car je puis vous assurer qu’aucune attaque ne sera tentée contre ce château : j’ai reçu des avis qui me portent à croire que ce bruit sans fondement a été répandu dans le dessein de faire éloigner les soldats de Portanferry. C’est donc d’après cette intime conviction, qu’en ma qualité de