Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/359

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On ne les poursuivit pas. L’attention des contrebandiers avait été attirée trop sérieusement par l’arrivée soudaine de Mac-Morlan et du corps de cavalerie. Le magistrat civil lut d’une voix haute et ferme la loi sur les rassemblements, et enjoignit à cette réunion illégale et tumultueuse de se disperser sur le-champ. Il serait arrivé à temps, s’il n’eût reçu en route un faux avis qui lui fit croire que les contrebandiers débarqueraient à la baie d’Ellangowan. Ce faux renseignement lui fit perdre près de deux heures. Sans manquer à la charité, on peut supposer que Glossin, si vivement intéressé au succès de cette audacieuse entreprise, avait cherché à donner le change à Mac-Morlan, dès qu’il eut appris que les dragons avaient quitté le château d’Hazlewood, circonstance dont des oreilles aussi attentives que les siennes avaient probablement été informées sans retard.

Cependant Bertram suivait son guide, et était lui-même suivi par Dinmont. Les clameurs de la multitude, le piaffement des chevaux, les coups de fusil, retentissaient à leurs oreilles, quoique plus faiblement, lorsque, au bout d’une rue obscure, ils trouvèrent une chaise de poste à quatre chevaux. « Au nom du ciel ! êtes-vous là ? — dit leur guide au postillon qui se tenait près de la voiture.

« Eh, oui, j’y suis ! répondit Jack Jabos, et je voudrais être partout ailleurs. — Ouvre donc la portière… Montez, messieurs ; bientôt vous serez en lieu de sûreté. » Et s’adressant à Bertram : « Rappelez-vous la promesse que vous avez faite à l’Égyptienne ! »

Déterminé à obéir passivement à un homme qui venait de lui rendre un si éminent service, Bertram monta sur-le-champ dans la voiture. Dinmont l’y suivit ; Wasp, qui ne les avait pas quittés, y sauta aussi, et elle partit au grand galop.

« Que le ciel me protège ! dit Dinmont ; cette aventure est bien singulière… Pour Dieu, j’espère que nous nous en tirerons… Mais que va devenir Dumple ? J’aimerais mieux être sur son dos que dans le carrosse d’un duc ; Dieu le sait ! »

Bertram lui fit observer qu’ils ne pouvaient aller long-temps de ce train sans changer de chevaux, qu’il fallait, de gré ou de force, s’arrêter jusqu’au jour dans la première auberge qu’ils rencontreraient, ou du moins se faire instruire du but et du motif de leur voyage, que là, M. Dinmont pourrait prendre des mesures relativement à son fidèle poney, qu’on retrouverait sans doute bien portant à l’écurie où il l’avait laissé. « Allons, allons, Dandie n’y songe plus, dit le fermier ; mais si nous étions seulement hors de cette