Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/406

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que l’esprit pourra se débarrasser de la chair. — Il faut, je crois, dit Bertram, faire ce qu’elle désire ; autrement son imagination troublée aggraverait la fièvre causée par sa blessure. »

On la transporta donc à la tour. Pendant le trajet, son esprit semblait plus occupé de la scène qui venait d’avoir lieu que de sa mort prochaine. « Ils étaient trois, disait-elle ; et je n’en avais amené que deux… Quel est donc le troisième… Est-ce lui-même qui est revenu pour travailler à sa vengeance ? »

Il était évident que la présence inattendue d’Hazlewood, que la blessure qu’elle avait reçue avait empêché Meg de reconnaître, ébranlait vivement son imagination. Elle revenait sans cesse sur ce sujet.

Hazlewood expliqua à Bertram comment il s’était trouvé là dans un moment où on ne l’attendait guère ; il les avait suivis pendant quelque temps, à portée de la vue, par l’ordre de Mannering ; les voyant entrer dans la caverne, il s’était mis à ramper à leur suite ; il allait leur annoncer sa présence et leur dire pourquoi il était venu, quand sa main rencontra dans l’obscurité la jambe de Dinmont, ce qui avait failli amener une catastrophe que la présence d’esprit et le courage du brave fermier avaient seuls prévenue.

Quand elle fut arrivée à la tour, la Bohémienne en donna la clef. On entra ; et l’on allait la déposer sur le lit, quand elle dit d’une voix troublée : « Non, non ! pas comme cela ; les pieds du côté de l’orient. » Elle parut satisfaite quand on eut fait ce qu’elle demandait.

« Ne pourrait-on pas trouver un ecclésiastique pour assister de ses prières cette pauvre femme ? » demanda Dinmont.

Le ministre de la paroisse, qui avait été le précepteur du jeune Hazlewood, avait été informé, comme plusieurs autres personnes, par la rumeur publique, que le meurtrier de Kennedy venait d’être arrêté à l’endroit même où le crime avait été commis, et qu’une femme avait reçu une blessure mortelle. Poussé par la curiosité, ou plutôt par le sentiment de son devoir, il s’était rendu à Derncleugh, et il entrait dans la tour en ce moment. Le chirurgien arriva en même temps, et se préparait à sonder la blessure ; mais Meg Merrilies refusa les soins de l’un et de l’autre. « L’homme ne peut rien pour guérir mon corps ou sauver mon âme. Laissez-moi dire ce que j’ai à dire ; vous ferez ensuite ce que vous voudrez. Qu’on ne s’oppose point à ma volonté. Où est Henri Bertram ? » Les assistants, qui n’avaient pas depuis long-temps entendu ce nom, se re-