Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/56

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mes, et d’autres choses semblables, avez-vous eu la bonté d’observer ce dont nous parlions hier soir ? — Je commence à penser, monsieur Bertram, de même que votre digne ami ici présent, que j’ai joué avec un instrument tranchant ; et quoique ni vous ni moi, ni aucun homme raisonnable, ne puisse ajouter foi aux prédictions de l’astrologue, cependant il est arrivé quelquefois que ses recherches dans l’avenir, entreprises par plaisanterie, ont souvent par leurs résultats produit des effets sérieux et désagréables sur les actions et les caractères ; je désirerais donc, vraiment, que vous me dispensassiez de répondre à votre question. »

On doit facilement penser que cette réponse évasive ne fit qu’irriter la curiosité du laird. Mannering, cependant, avait résolu dans son esprit de ne pas exposer l’enfant aux inconvénients que pouvait entraîner pour lui la connaissance d’une mauvaise prédiction. En conséquence il remit le papier entre les mains de M. Bertram, et l’invita à le garder pendant cinq ans sans briser le cachet, jusqu’à ce que le mois de novembre fût expiré. Lorsque cette date serait arrivée, il lui laissait la liberté d’examiner l’horoscope, certain que si cette époque se passait heureusement on n’aurait aucune croyance dans les autres prédictions qu’il contenait. M. Bertram fut obligé de se contenter de faire cette promesse, et Mannering, pour s’assurer de sa fidélité à la garder, le menaça des plus grands malheurs s’il négligeait ses avis. Le reste du jour que Mannering, sur l’invitation de M. Bertram, passa au château d’Ellangowan, n’offrit rien de remarquable ; et le lendemain au matin le voyageur monta sur son cheval, fit ses adieux avec politesse au laird hospitalier et à son ami le maître d’école, souhaita toutes sortes de prospérités à sa famille ; puis, tournant la tête de son cheval vers l’Angleterre, il disparut aux yeux des habitants d’Ellangowan. Nous le ferons disparaître aussi à ceux de nos lecteurs jusqu’à une époque plus avancée de sa vie, où il reparaîtra dans cette histoire.