CHAPITRE VIII.
L’EXIL.
En traçant la naissance et les progrès de la guerre des Marons d’Écosse, nous ne devons pas oublier de dire que les années s’étaient écoulées, et que le petit Henri Bertram, l’un des enfants les plus jolis et les plus hardis qui aient jamais fait un sabre de bois et un bonnet de grenadier de papier, était près d’atteindre le jour de l’anniversaire de sa cinquième année révolue. Une hardiesse de caractère qui s’était développée de bonne heure et d’elle-même, en faisait déjà un petit coureur ; il connaissait toutes les prairies et tous les vallons aux environs d’Ellangowan, et il pouvait dire, dans son langage enfantin, sur quelles terres poussaient les plus jolies fleurs, et quel taillis portait les noisettes les plus mûres. Il effrayait tous les jours ceux qui le suivaient, en grimpant dans les ruines du vieux château, et il avait fait plus d’une excursion à la dérobée jusqu’au hameau des Égyptiens
Dans ces occasions, il revenait toujours sur le dos de Meg Merrilies, qui, bien qu’elle ne fût pas entrée dans la Place depuis que son neveu avait été embarqué, ne paraissait pas étendre son ressentiment sur l’enfant du laird. Au contraire, elle tâchait de le rencontrer dans ses promenades, elle lui chantait une chanson égyptienne, le faisait monter sur son âne, et fourrait dans sa poche un morceau de pain d’épice ou une pomme rouge. L’ancien attachement de cette femme pour la famille, réprimé et repoussé partout, semblait se réjouir d’avoir un objet sur lequel il pût se reposer et s’épancher. Elle prédit cent fois que le jeune M. Henri serait l’orgueil de la famille, et qu’il n’avait point poussé un tel rejeton du vieux chêne depuis la mort d’Arthur Mac-Dingawaie, qui avait été tué à la