Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/74

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CHAPITRE IX.

LA DISPARITION.


Peignez l’Écosse réduite à son chardon ; sa pinte aussi vide qu’un sifflet, et les damnés d’employés de l’excise toujours en recherche, saisissant un alambic, et dans leur triomphe le brisant comme un frêle coquillage.
Burks.


Pendant la durée de son active magistrature, M. Bertram n’oublia pas les intérêts du fisc. La contrebande, pour laquelle l’île de Man donnait alors tant de facilités, était générale, ou plutôt universelle, le long de la côte sud-ouest de l’Écosse. Presque tout le bas peuple la faisait ; la noblesse y donnait la main, et les officiers de la douane étaient souvent empêchés de faire leur devoir par ceux mêmes qui auraient dû les protéger.

À cette époque un certain Francis Kennedy, déjà nommé dans notre histoire, était employé comme officier à cheval ou comme surveillant dans cette partie du pays ; c’était un homme vigoureux, résolu et actif, qui avait fait des saisies de grande valeur, et qui était haï en proportion par ceux qui avaient un intérêt dans le libre commerce, comme on appelait le trafic des aventuriers qui faisaient la contrebande. Il était fils naturel d’un homme de bonne famille ; c’était à cette circonstance et à la gaîté de son caractère, qui le rendait un convive agréable, à son talent pour chanter une chanson gaillarde, qu’il devait d’être admis parfois dans la société des gentilshommes du pays, et d’être membre de plusieurs de leurs clubs pour faire des exercices athlétiques, dans lesquels il était très adroit.

À Ellangowan, Kennedy était un convive assidu et toujours bien reçu. Sa vivacité épargnait à M. Bertram la peine de penser et le travail que lui coûtait une série d’idées qu’il fallait arranger entre elles ; les exploits hardis et dangereux qu’il avait entrepris dans l’exercice de sa charge formaient un merveilleux sujet de conversation. Toutes ses aventures lui attachèrent sérieusement le laird d’Ellangowan, et l’amusement qu’il trouvait dans la société de Kennedy fut une excellente raison pour secourir et assister son ami dans l’exécution de son devoir odieux et dangereux à remplir.

« Frank Kennedy, disait-il, est un gentilhomme quoique du mauvais côté de la couverture ; il était allié de la famille d’Ellangowan