Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/93

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militaire. Tout dans son extérieur et dans ses manières annonçait le gentleman. Une longue habitude avait donné à mistress Mac-Candlish un tact exquis pour connaître la qualité de ses hôtes, et pour y proportionner la réception qu’elle leur faisait :

Chacun selon son rang était reçu chez elle ;
Elle était indolente ou bien pleine de zèle,
Maussade, malhonnête et douce tour à tour :
« Milord, votre servante, » et « Maître Smith, bonjour. »

En cette circonstance elle fut humble dans sa politesse et prolixe dans ses excuses. L’étranger demanda qu’on prît soin de son cheval ; elle sortit elle-même pour donner les ordres au garçon d’écurie.

« Jamais plus belle bête n’est entrée dans l’écurie des Armes de Gordon, » répondit le domestique ; et ces paroles augmentèrent le respect de l’hôtesse pour le voyageur. À son retour, comme l’étranger refusait de passer dans l’autre appartement, qui, comme elle l’avouait, serait froid et plein de fumée jusqu’à ce que le feu fût bien en train, en hôtesse hospitalière elle l’installa au coin du feu, et lui offrit les rafraîchissements qu’il pouvait désirer.

« Une tasse de votre thé, madame, si vous voulez bien. »

Mistress Mac-Candlish s’empressa de remettre de l’hyson dans sa théière, et fit les honneurs avec toutes ses grâces.

« Nous avons un joli parloir, monsieur, et tout ce qui peut être agréable à des gens comme il faut ; mais il est retenu cette nuit par un gentleman et sa fille qui sont sur le point de quitter cette partie du pays ; une de mes chaises est partie pour les aller chercher ; elle va arriver dans un instant ; ils ne sont pas aussi bien dans le monde qu’ils l’ont été, mais nous sommes sujets à des hauts et à des bas dans cette vie, comme Votre Honneur doit savoir. La fumée de la pipe n’incommode-t-elle point Votre Honneur ? — Nullement, madame ! je suis un vieux militaire, et j’y suis parfaitement accoutumé. Permettez-moi de vous faire quelques demandes sur une famille du voisinage. »

On entendit un bruit de roues, et mistress Mac-Candlish se précipita à la porte pour recevoir les hôtes qu’elle attendait ; mais elle revint tout de suite, suivie par le postillon qui disait : « Non, ils ne peuvent venir ; le laird est trop mal. — Dieu leur soit en aide ! dit mistress Mac-Candlish ; demain matin est le terme fixé, c’est le dernier jour qu’ils peuvent rester dans la maison, tout doit être vendu. — Oui, mais ils ne peuvent venir, je vous dis que M. Ber-