Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/100

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dataires de Mussel Craig. Il en a coûté des monceaux d’argent, monsieur Lovel, car les procès, alors comme aujourd’hui, ne se poursuivaient pas sans cela, et le Monkbarns de ce temps, notre digne aïeul, monsieur Lovel, était sur le point de perdre en justice, faute d’un certain papier, Monkbarns sait bien quel était le papier dont je parle, quoiqu’il ne veuille pas m’aider à le dire… n’importe ! c’était un papier d’une grande importance pour le procès, et sans lequel nous étions perdus ! Eh bien, la cause était appelée pour venir avant le quinze… comme on dit, je crois, et le vieux Rab Tull, le greffier qui suivait cette affaire, vint se livrer à une dernière recherche de ce papier qu’il fallait avant que mon grand-père partît pour Édimbourg, afin de terminer ce procès ; il ne lui restait donc que bien peu de temps devant lui… Ce Rab n’était qu’un assez pauvre homme, à ce que j’ai entendu dire ; mais il était greffier de la ville de Fairport, et les héritiers de Monkbarns l’avaient toujours employé à cause de leurs relations avec la ville, comme vous savez.

— Ceci devient insupportable, sœur Grizzel, dit l’Antiquaire en l’interrompant ; je déclare que vous auriez eu le temps d’évoquer l’ombre de tous les abbés de Trotcosey, à compter de Waldimir, depuis que vous entamez votre introduction à l’histoire d’un seul misérable spectre. Apprenez donc à mettre de la concision dans vos récits, imitez le laconisme du vieil Aubrey, fort expérimenté sur ce sujet, et qui en relatait les exemples sur son journal, du style bref et précis d’un négociant, exempli gratia. — « À Cirenscester, le 5 mars 1670, il y a eu une apparition : sur la demande si c’était un bon ou malin esprit, aucune réponse n’a été faite, mais tout a disparu, laissant un singulier parfum et une vibration harmonieuse. » Voyez ses Mélanges, page 18, autant que je puis me le rappeler, vers le milieu de la page[1].

— Mon Dieu, Monkbarns, croyez-vous que tout le monde soit aussi savant que vous ? mais votre plaisir est de faire faire de sottes figures aux gens : cela vous arrive souvent avec sir Arthur, et même avec le ministre.

— La nature m’a devancé dans ces deux cas, Grizzel, et dans un troisième dont je ne parlerai pas ; mais prenez un verre d’ale, sœur Grizzel, et finissez votre histoire, car il se fait tard.

— Jenny bassine votre lit, Monkbarns, et il faut que vous atten-

  1. Cet antiquaire, mort en 1700, a composé quelques Mélanges sur les apparitions magiques. a. m.