Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/197

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— Hector, fils de Priam, d’où viens-tu ? dit l’Antiquaire.

— Du comté de Fife, seigneur, » répondit le jeune militaire ; et après avoir salué poliment le reste de la compagnie, et d’une manière plus particulière sir Arthur et sa fille, il continua : « Pendant que j’étais en route pour Monkbarns, où j’avais l’intention d’aller vous présenter mes respects, j’ai appris, d’un domestique que j’ai rencontré, que vous étiez tous ici, et j’ai saisi avec empressement cette occasion de venir offrir mes hommages à plusieurs de mes amis à la fois.

— Et d’en faire aussi de nouveaux, mon brave Troyen, dit Oldbuck. Monsieur Lovel, je vous présente mon neveu, le capitaine Mac Intyre. Hector, je serai bien aise de vous voir cultiver la connaissance de M. Lovel. »

Le jeune militaire regarda Lovel d’un œil pénétrant, et le salua avec plus de froideur que de cordialité ; et comme notre héros crut trouver dans cette réserve quelque chose de dédaigneux, il lui rendit son salut avec la même hauteur. Ainsi, dès le premier moment de leur connaissance, une prévention secrète sembla s’élever entre eux.

Les remarques de Lovel pendant le reste de la journée ne furent pas de nature à lui faire regarder plus favorablement le nouveau venu. Le capitaine Mac Intyre, avec la galanterie ordinaire à son âge et à sa profession, devint assidu auprès de miss Wardour, s’empressa à lui rendre tous les petits soins que Lovel, retenu par la crainte de lui déplaire, aurait donné tout au monde pour oser lui offrir. C’était avec un sentiment tantôt d’irritation, tantôt de sombre abattement, qu’il voyait ce jeune officier s’arroger auprès d’elle tous les privilèges d’un sigisbé. Il présentait les gants de miss Wardour, l’aidait à mettre son châle, marchait à côté d’elle pendant la promenade, prêt à écarter tous les obstacles qui pouvaient arrêter ses pas, et à lui offrir son bras pour la soutenir quand le chemin devenait raboteux ou difficile. C’était à elle qu’il adressait le plus souvent la parole, et quand les circonstances le permettaient, il lui parlait exclusivement. Lovel savait parfaitement que tout ceci pouvait fort bien n’être que cette espèce de galanterie née de l’amour-propre, qui porte tant de jeunes gens de nos jours à se donner les airs d’occuper l’attention tout entière de la plus jolie femme d’une société, comme si les autres étaient indignes de leurs attentions. Mais il croyait voir dans les manières du capitaine Mac Intyre une expression marquée de tendresse, bien faite pour éveiller toutes les