Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/206

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— Ainsi soit-il ! car autrement je servirais de second aux deux parties. »

Là dessus le vieux Gentilhomme entra dans la chaise, auprès de laquelle miss Mac Intyre avait jusque-là retenu son frère, d’après le même motif peut-être qui fait que le propriétaire d’un chien querelleur le tient à ses côtés pour l’empêcher d’en aller attaquer un autre. Mais Hector réussit à éluder sa précaution, car, étant à cheval, il suivit quelque temps les voitures jusqu’à ce qu’elles eussent tourné le coin de l’avenue de Knockwinnock, puis, retournant alors la tête de son cheval, il lui donna de l’éperon et se mit à galoper en arrière.

Quelques minutes lui suffirent pour rejoindre Lovel, qui, devinant sans doute son intention, avait mis son cheval au petit pas, lorsqu’un galop précipité lui annonça le capitaine Mac Intyre. Ce jeune militaire, dont la véhémence était encore augmentée par la rapidité de sa course, arrêta subitement son cheval à côté de celui de Lovel, et touchant légèrement son chapeau, il lui demanda du ton le plus altier : « Qu’avez-vous prétendu me faire entendre, monsieur, en me disant que votre adresse était à mon service ?

— Simplement, monsieur, que mon nom est Lovel, et que ma résidence est en ce moment à Fairport, comme vous pouvez le voir par cette carte.

— Et voilà tous les renseignemens que vous êtes disposé à me donner ?

— Je ne sache pas que vous ayez le droit de m’en demander d’autres.

— Je vous ai trouvé, monsieur, dans la société de ma sœur, et j’ai le droit de chercher à connaître ceux que j’y vois admis.

— Je prendrai la liberté de contester ce droit, répondit Lovel d’un ton aussi hautain que celui du jeune militaire ; vous m’avez trouvé dans une société qui s’est contentée du degré de confiance que j’ai jugé à propos de lui accorder sur mes affaires, et vous, qui m’êtes étranger, n’avez pas le droit d’aller au delà.

— Monsieur Lovel, si vous avez servi, comme vous le dites…

— Si ! interrompit Lovel, si j’ai servi, comme je le dis ?

— Oui, monsieur, telle est mon expression ; si vous avez servi comme vous le dites, vous devez savoir que vous me devez ici une satisfaction quelconque.

— Si telle est votre opinion, je serai charmé de vous la donner.