Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/230

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mand, accompagnées de gestes et de contorsions qui étaient plutôt l’effet de la terreur dont il était la proie, que le résultat d’une fraude préméditée, il s’avança enfin vers un coin du bâtiment où une pierre plate posée à terre représentait sculptée en relief l’effigie d’un guerrier armé dans une posture penchée. Il balbutia à sir Arthur : « Mon batron, c’est ici… Dieu ait pitié de nous tous ! »

Sir Arthur qui, après avoir surmonté le premier mouvement de ses craintes superstitieuses, semblait alors rassembler toute la fermeté dont son âme était capable pour pousser jusqu’au bout cette aventure, prêta son secours au chimiste pour retourner la pierre au moyen d’un levier dont l’Allemand s’était pourvu, et malgré lequel, en joignant leurs forces, ils ne réussirent qu’avec peine dans cette opération. Aucune lumière surnaturelle ne vint éclater d’en bas pour indiquer l’existence du trésor souterrain, il n’y eut aucune apparition d’esprits terrestres ou infernaux. Mais, après que Dousterswivel eut, en tremblant beaucoup, donné quelques coups de pioche, et, avec une égale précipitation, enlevé une ou deux pelletées de terre (car ils avaient apporté avec eux les instrumens nécessaires), on entendit résonner quelque chose qui ressemblait au son que fait en tombant une pièce de métal, et Dousterwivel, s’emparant à la hâte de ce qui l’avait produit, et que sa bêche avait fait tomber avec la terre, s’écria : Sur ma barole, mon batron, voilà tout… oui, réellement tout… je veux tire tout ce que nous pouvons faire ce soir… » et il jeta autour de lui des regards inquiets et craintifs, comme cherchant de quel coin de l’église allait s’élancer le vengeur de son imposture.

— Voyons, dit sir Arthur, et il répéta d’un ton encore plus sévère : Je veux cette fois juger par mes propres yeux. » Il approcha donc l’objet trouvé auprès de la lumière de la lanterne. C’était une petite boîte ou cassette (car Lovel était trop éloigné pour en distinguer la forme), mais qui, à ce qu’il put conclure par l’exclamation du baronnet, était remplie de pièces de métal. « À la bonne heure, dit le baronnet, voilà enfin un heureux succès ; et s’il est le présage d’un autre proportionné à une avance plus considérable, cette avance sera faite. Ces dernières 600 livres de Goldieword ajoutées aux autres réclamations pressantes auraient infailliblement amené ma ruine ; mais si vous croyez que nous puissions y subvenir en répétant cette expérience, par exemple, au premier changement de lune, je risquerai les avances nécessaires, n’importe comment je pourrai me les procurer.