Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/264

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Sanglante, défia Misticot au combat en champ clos, comme ils disaient alors, par quoi ils entendaient un endroit qu’on entourait de palissades comme on fait pour les combats de coqs. Eh bien, Misticot fut vaincu et à la merci de son frère ; mais celui-ci ne voulut pas s’en prendre à sa vie, à cause du sang de Knockwinnock qui coulait dans les veines de tous deux. Malcolm fut donc obligé de se faire moine, et il mourut bientôt dans l’abbaye, de chagrin et de dépit. Personne ne sut jamais où son oncle l’abbé l’avait enterré, ni ce qu’il fit de son or et de son argent, car il soutenait les droits de la sainte Église, et n’en voulait rendre compte à personne. Mais il se répandit une prophétie dans le pays, que, quand on trouverait la tombe de Misticot, les terres de Knockwinnock seraient perdues et regagnées.

— Ah ! mon pon ami Edie, cela n’est bas très imbropable non blus, si sir Ardhur feut se prouiller avec ses pons amis bour blaire à M. Oldenpuck. Et comme cela, fous croyez que ce sont là les trésors t’or et t’archent abbartenant à ce pon meister Misticot ?

— Sur ma foi, je le crois, monsieur Dousterdiable.

— Et fous croyez qu’il y en a encore t’autres de cette sorte de cachés ?

— Certes que je le crois : comment serait-il possible autrement ? Cherche, n° Ier c’est comme si on disait : Cherche, et tu trouveras le n° II. D’ailleurs il n’y a que de l’argent dans cette cassette, et j’ai entendu dire que dans le trésor de Misticot il y avait beaucoup de bel or.

— Alors, mon pon ami, dit l’adepte en se levant brusquement, bourquoi ne nous medrions-nous pas tout de suite à cette betite affaire ?

— Pour deux bonnes raisons, répondit le mendiant, qui continuait de rester tranquillement assis ; d’abord, parce que, comme je l’ai déjà dit, nous n’avons rien pour creuser, puisqu’ils ont emporté les pioches et les bêches, et secondement, parce qu’il y aura une troupe de badauds et de curieux qui viendront nous regarder faire, tant qu’il sera jour, et que le laird aussi peut bien envoyer quelqu’un pour combler la fosse : ainsi, de toutes façons, nous serions pris. Mais si voulez me joindre ici à minuit avec une lanterne sourde, j’aurai les outils tout prêts, et nous pourrons tous deux nous mettre tranquillement après notre affaire sans que personne en sache rien.

— Mais… mais, mon pon ami, dit Dousterswivel, chez qui le souvenir de sa dernière aventure nocturne n’était pas encore effacé,