Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/354

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me tiens honoré de la préférence, qu’elle ait été déterminée par le choix ou par le hasard. Mais c’est une affaire qui exige une mûre réflexion. Puis-je vous demander quel est en ce moment votre objet principal ?

— De m’assurer du sort de mon enfant, dit le comte, quelles qu’en soient les conséquences, et de rendre justice à l’honneur d’Éveline, que je n’ai laissé soupçonner que pour éviter qu’il ne fût entaché d’une souillure plus horrible à laquelle on m’avait fait croire.

— Et la mémoire de votre mère ?

— En supportera le poids, dit le comte avec un soupir ; ne vaudrait-il pas mieux encore qu’elle fût convaincue d’une imposture, si cela était nécessaire, que de laisser une accusation bien plus criminelle peser sur la tête d’êtres innocens ?

— Alors, notre première démarche doit être, milord, de donner à la déclaration de la vieille Elspeth une forme régulière et authentique.

— Je crains, dit lord Glenallan, que ceci ne soit en ce moment impossible. Elle est elle-même épuisée et d’ailleurs entourée de toute sa famille. Demain peut-être, quand elle sera seule… Et encore je doute, d’après les notions imparfaites qu’elle a du bien et du mal, de pouvoir la décider à parler devant tout autre témoin que moi. Je suis moi-même excessivement fatigué.

— Alors, » dit l’Antiquaire que l’intérêt du moment élevait au dessus de ces considérations de dépense et de dérangement qui avaient d’ordinaire assez de poids sur lui, « je conseillerais, milord, à Votre Seigneurie, au lieu de retourner à Glenallan, aussi fatigué que vous l’êtes, ou de vous voir réduit à la pire alternative de vous mettre dans une mauvaise auberge à Fairport, pour éveiller l’attention de tous les curieux de la ville ; je vous proposerais, dis-je, de devenir mon hôte pour cette nuit à Monkbarns. Demain ces pauvres gens auront repris leurs occupations habituelles, car le chagrin chez eux ne donne pas de relâche au travail, et nous pourrons voir la vieille Elspeth seule, et prendre par écrit sa déclaration. »

Après quelques excuses polies pour le dérangement que pouvait lui causer sa visite, lord Glenallan consentit à accompagner l’Antiquaire, et se soumit patiemment pendant la route à entendre toute l’histoire de John de Girnell dont il n’était jamais arrivé à M. Oldbuck de faire grâce à personne de ceux qui avaient passé le seuil de sa porte.