Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/7

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AVERTISSEMENT


MIS EN TÊTE DE LA NOUVELLE ÉDITION D’ÉDIMBOURG,
PUBLIÉE EN 1830.


Le présent ouvrage complète une série de narrations fictives destinées à peindre les mœurs de l’Écosse à trois époques différentes. Waverley embrasse le temps de nos pères, Guy Mannering celui de notre jeunesse, et l’Antiquaire se reporte aux dix dernières années du dix-huitième siècle. J’ai, surtout dans Guy Mannering et dans l’Antiquaire, choisi mes principaux personnages parmi cette classe de la société, la dernière à ressentir l’influence de ce vernis de politesse qui rend si semblables les unes aux autres les mœurs de diverses nations. C’est dans la même condition que j’ai placé quelques unes de ces scènes où j’ai essayé de décrire les effets des passions les plus impétueuses et les plus influentes ; d’abord parce que les ordres inférieurs de la société sont moins habitués à contenir leurs émotions, et ensuite parce que je pense, avec mon ami Woodsworth[1], qu’ils les expriment généralement dans les termes les plus forts et les plus énergiques. Ceci se remarque surtout parmi les paysans de mon pays, classe que j’ai depuis long-temps étudiée. La force et la simplicité antique de leur langage, souvent analogues à l’éloquence orientale de l’Écriture sainte dans la bouche de ceux qui sont doués d’un esprit élevé, donnent du pathétique à leur douleur, et de la dignité à leur colère.

Je me suis plus attaché à décrire minutieusement les mœurs qu’à mettre de l’art et de la combinaison dans mon récit, et je ne puis que regretter de m’être senti incapable de réunir ces deux qualités requises d’un bon roman.

La friponnerie de l’adepte, dans ce qui va suivre, paraîtra peut-être forcée et peu probable ; cependant nous avons encore eu dernièrement des exemples de l’ascendant d’une crédulité superstitieuse qui vont beaucoup plus loin, et le lecteur peut être assuré que cette partie de la narration est fondée sur un fait réel.

Il ne me reste plus qu’à exprimer ma reconnaissance au public de l’accueil distingué qu’il a bien voulu faire à des ouvrages dont le seul mérite, peut-être, consiste dans la vérité du coloris, et à prendre

  1. Auteur connu sous la dénomination de Poète des lacs. a. m.