Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le service se termina de la manière accoutumée, et la petite congrégation se leva. Wildrake s’y trouvait, car il était entré vers la fin de la prière, et fut le premier à rompre le silence ; en s’élançant vers le ministre, et on lui serrant avec affection la main, il lui témoigna combien il éprouvait de plaisir à le voir. Le bon ecclésiastique lui rendit la pareille avec un sourire, et en lui observant qu’on l’aurait cru sans qu’il eût eu besoin de jurer. Cependant le colonel Éverard, s’approchant du fauteuil de son oncle, s’inclina respectueusement devant sir Henri Lee d’abord, puis devant Alice qui était devenue toute rouge.

« J’ai mille excuses à vous faire, » dit le colonel en héritant, « d’avoir choisi un moment si peu convenable pour une visite que Je n’ose espérer devoir être bien agréable en aucun temps. — Vous vous trompez, mon neveu, » répondit sir Henri avec beaucoup plus de douceur qu’Éverard n’avait osé en attendre, « Vos visites à d’autres moments me seraient plus agréables, si nous avions le bonheur de vous voir souvent à nos heures de prières. — J’espère, monsieur, répliqua Éverard, que le temps viendra bientôt où les Anglais de toutes sectes et de toutes dénominations seront libres en conscience d’adorer le grand Père commun qu’ils appellent tous, à leur manière, de ce nom d’amour. — Je l’espère aussi, mon neveu, » continua le vieillard sur le même ton, « et je ne chercherai pas à savoir si vous préféreriez que l’Église d’Angleterre se réunît au conventicule, ou que le conventicule se conformât à l’Église d’Angleterre. Ce n’est pas, j’imagine, pour réconcilier nos différentes croyances que vous avez honoré de votre présence notre pauvre habitation, où, à vrai dire, nous osions à peine espérer vous revoir après l’air dur que vous avez pris en nous faisant votre dernier adieu. — Je serais heureux de pouvoir penser, » dit le colonel en hésitant, « que… que… en un mot, ma présence ne vous est plus aussi désagréable qu’elle le fut alors. — Neveu, je serai franc avec vous. La dernière fois que vous étiez ici, je croyais que vous m’aviez dérobé un précieux joyau, que jadis j’eusse été fier et heureux de remettre entre vos mains ; mais votre conduite depuis a été telle, que j’aimerais mieux m’engloutir dans les profondeurs de la terre que de vous en confier la garde. Cette idée échauffa quelque peu, comme dit l’honnête William, l’humeur impétueuse que je tiens de ma mère. Je croyais avoir été volé, et je voyais le voleur devant moi. Je me trompais, je ne l’ai point été ; et la tentative ayant été sans réussite, je puis la pardonner. — Je