Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/341

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pas votre intelligence par l’explication d’un cas qui peut ne point se présenter, si, par exemple, j’alléguais une affaire urgente d’utilité publique. » Il prononça ces mots d’un ton de voix bas et mystérieux que Wildrake sembla parfaitement comprendre, car il appuya l’index sur son nez, signe qu’il regardait comme indiquant une pénétration et une sagacité complète. — Monsieur, lui répondit-il, si vous êtes engagé dans quelque affaire pour le roi, mon ami aura toute la patience raisonnable… même, je me battrais contre lui en cette circonstance, simplement pour l’empêcher de perdre patience, plutôt que de souffrir qu’on vous dérangeât. Et, monsieur, si vous pouvez trouver une place dans votre entreprise pour un pauvre gentilhomme qui a servi sous Lansford et Goring, vous n’avez qu’à m’indiquer le jour, l’heure et le lieu du rendez-vous ; car, vraiment, monsieur, je suis las de porter ce lourd chapeau, ces cheveux tondus, ce manteau d’entreprenant dont mon ami m’a gratifié, et je m’en débarrasserais encore une fois volontiers pour entrer au service du roi, quand je devrais être battu ou pendu, peu m’importe. — Je me rappellerai ce que vous dites là, si une occasion se présente ; et je souhaite à Sa Majesté d’avoir bon nombre de pareils sujets… Je présume que notre affaire est à présent arrangée ? — Quand vous aurez eu la complaisance, monsieur, de me donner un petit mot, pour me servir de lettre de créance… car telle, vous savez, est la coutume… À cartel écrit, réponse écrite. — Je vais le faire à l’instant, monsieur, et promptement, car voilà tout ce qu’il faut pour écrire. — Eh ! monsieur, continua l’envoyé… Ahi ! ahem !… si vous aviez le crédit nécessaire, dans la maison, pour me faire donner un verre de vin sec… Je parle peu ordinairement, et lorsque je déroge je m’enroue. D’ailleurs, une affaire aussi sérieuse excite toujours ma soif… De plus, monsieur, se quitter les lèvres sèches indique malveillance, et Dieu empêche qu’il y en ait entre nous dans une circonstance si honorable ! — Je ne me vante pas d’avoir en ce logis grande influence, monsieur ; mais si vous étiez assez bon pour accepter cette double pièce, vous pourriez avec elle étancher votre soif à l’auberge de Saint-George… — Monsieur, répondit le Cavalier (car l’époque admettait ce mode étrange de politesse, et Wildrake n’était pas homme d’une délicatesse assez scrupuleuse pour se faire long-temps prier), je vous suis encore toit obligé, mais je ne conçois pas comment mon honneur me permettrait d’accepter une telle courtoisie, si vous ne consentiez pas à m’accompagner et à boire