Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/363

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qui ont à se donner plus d’explications. — Non !… non ! » s’écria Alice qui était alors parfaitement remise. « Mon cousin Éverard et moi n’avons besoin d’aucune explication. Il me pardonnera de lui avoir parlé par énigmes, quand je n’osais m’expliquer plus clairement ; je lui pardonnerai de les avoir mal comprises. Mais je l’ai promis à mon père… nous ne pouvons ni correspondre ni causer, quant à présent… Je retourne sur-le-champ à la Loge et lui à Woodstock, à moins que vous, sire, » ajouta-t-elle en saluant le roi, « ne lui donniez un ordre contraire. Rendez-vous tout de suite à la ville, cousin Markham ; et s’il survenait quelque accident fâcheux, donnez-nous-en avis. »

Éverard aurait voulu retarder son départ ; il aurait voulu s’excuser de ses injustes soupçons ; il aurait voulu dire mille choses ; mais elle refusa de l’écouter, lui disant pour toute réponse : « Adieu, Markham, jusqu’à ce que Dieu nous envoie de meilleurs jours !… »

« C’est un ange de vérité et de beauté, s’écria Wildrake ; et moi, comme un infâme hérétique, qui l’ai appelée une Lindabrides ! Mais pardon, Votre Majesté n’aurait-elle pas d’ordres à donner au pauvre Hodga Wildrake qui casserait la tête de tout homme d’Angleterre ou la sienne même, pour faire plaisir à Votre Grâce  ? — Nous prions notre bon ami Wildrake de ne rien faire trop précipitamment, » dit Charles en souriant ; « des têtes comme la sienne sont rares ; et il faut y regarder à deux fois avant de la faire sauter ; car il ne serait pas facile de retrouver la pareille. Nous lui recommandons d’être discret et prudent ; de ne plus se battre contre les loyaux ministres de l’Église anglicane, et de s’acheter une jaquette neuve avec tous les accessoires convenables, dépense à laquelle nous voulons contribuer de notre bourse royale. Nous espérons lui trouver un autre emploi plus tard. »

À ces mots il glissa deux pièces d’or dans la main du pauvre Wildrake qui, confondu de l’excès de la munificence royale, pleura comme un enfant, et aurait suivi le roi, si le docteur Rochecliffe ne lui eût en peu de mots, mais impérativement, signifié de partir avec Éverard, lui promettant qu’on l’emploierait certainement pour favoriser l’évasion du roi, si l’occasion se présentait de recourir à ses services.

« Soyez donc assez généreux pour le faire, mon digne monsieur, et vous m’attachez à vous pour toujours, dit le Cavalier ; soyez assez bon, je vous prie, pour ne pas me garder rancune de la pe-