Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/369

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marches. Cependant ils se séparèrent de lui avec toutes les apparences de la plus parfaite considération. Ils n’allèrent pas plus loin qu’Oxford, où ils s’arrêtèrent, comme des corbeaux accoutumés à voir la chasse se perchent à quelque distance sur un arbre ou un rocher, où ils attendent la curée du daim, sachant bien qu’ils en auront leur part. Pendant ce temps-là, l’université et la cité, mais surtout la première, leur fournissaient les moyens d’employer à leur avantage leurs talents jusqu’au moment où, comme ils l’espéraient, ils seraient appelés à Windsor, à moins que Woodstock ne fût de nouveau abandonné à leur discrétion.

Bletson, pour passer le temps, tourmentait la conscience des théologiens et des écoliers recommandables par leur piété et leur savoir, toutes les fois qu’il pouvait introduire dans leur société son odieuse personne. Il les poursuivait de ses sophismes, de ses raisonnements d’athée, et les défiait de combattre les thèses les plus scandaleuses. Desborough, l’un des hommes les plus grossiers et les plus ignorants de l’époque, s’était fait nommer chef d’un collège ; et, sans perdre de temps, il en abattait les arbres et en pillait la vaisselle. Quant à Harrison, il prêchait dans l’église de Saint-Maril, en grand uniforme, portant son justaucorps de buffle, ses bottes et ses éperons, comme s’il allait se mettre en campagne pour combattre Armagedde. Il était difficile de dire si ce chef lieu du savoir, de la religion et de la royauté, comme Clarendon l’appelle, se trouvait plus malheureux des rapines de Desborough, du froid scepticisme de Bletson, ou de l’enthousiasme fanatique du champion de la cinquième monarchie.

De temps à autre des soldats, sous prétexte de relever la garde, ou tout autre motif, allaient et venaient de Woodstock à Oxford, et entretenaient, comme on le croira aisément, une correspondance avec le fidèle Tomkins. Celui-ci, quoique résidant principalement dans la ville de Woodstock, visitait assez fréquemment la Loge, et sans doute c’était par lui qu’on était instruit de tout ce qui s’y passait.

Dans le fait, ce Tomkins paraissait avoir, par des voies secrètes, gagné la confiance, sinon de toutes, au moins de la plupart des personnes engagées dans ces intrigues. Tous le prenaient à part, tous avaient avec lui des entretiens particuliers ; ceux qui étaient riches lui faisaient des présents, les autres ne lui épargnaient pas les promesses. Quand il paraissait à Woodstock, ce qui semblait toujours l’effet du hasard, s’il traversait le vestibule, le chevalier