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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/86

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à ta vie et à la mienne ; il ne faut pas plaisanter avec le roc sur lequel on peut échouer. Mais voici la porte, nous allons interrompre les plaisirs de ces honnêtes messieurs. »

À ces mots il leva le large et pesant marteau, et le laissa retomber contre la grille.

« Rat-tat-tat-too ! dit Wildrake ; voilà une belle alarme pour vous, cocus et têtes-rondes. » Il se mit alors à battre la mesure tout en chantant la marche qui portait ce nom :

Béchez, cocus, à qui je fais la nique ;
Venez, cocus, danser à ma musique.

« Par le ciel ! ceci est le comble de la folie, » dit Éverard se retournant vers lui avec colère.

« Pas du tout, pas du tout, ce n’est qu’une légère expectoration, comme celle qu’on fait avant de commencer un long discours. Je vais être sérieux pendant tout une heure, à présent que j’ai chassé de ma tête cet air guerrier. »

À ces mots on entendit marcher dans le vestibule, et le guichet de la grande porte fut ouvert à moitié, mais retenu par une chaîne en cas d’accident. Le visage de Tomkins et celui de Jocelin par derrière se montrèrent à l’ouverture, éclairés par la lampe que le garde tenait à la main, et Tomkins demanda ce que signifiait un pareil tapage.

« Je veux entrer sur-le-champ, dit Éverard ; Joliffe, vous me connaissez bien ? — Oui, monsieur, répondit Jocelin, et je vous recevrais de tout mon cœur ; mais, hélas ! vous voyez que je n’ai pas les clefs, moi. Voilà le maître dont je dois exécuter les ordres… Le Seigneur me protège, en voyant des temps comme ceux-ci ! — Et quand monsieur, qui n’est, je crois, que le valet de maître Desborough… — L’indigne secrétaire de Son Honneur, s’il vous plaît, » s’écria Tomkins, pendant que Wildrake disait tout bas à l’oreille d’Éverard : « Je ne veux plus être secrétaire, Mark, tu as raison… le nom de clerc est beaucoup plus distingué. — Et si vous êtes secrétaire de maître Desborough, je présume que vous connaissez assez ma personne et mon rang, » dit Éverard s’adressant à l’indépendant, — pour ne pas hésiter à me recevoir avec mon compagnon, afin de passer la nuit à la Loge. — Sûrement non, sûrement non, répondit l’indépendant, si toutefois Votre Seigneurie pense qu’elle sera plus commodément ici qu’à l’auberge de la ville, qu’on appelle assez mal à propos l’auberge de Saint-George. Vous ne serez logé ici que d’une manière fort peu commode… et