Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/14

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celui-ci descendait. Il est enterré dans l’église de Fortingal, où l’on voit encore son sépulcre, recouvert d’une large pierre[1] ; sa force prodigieuse et sa bravoure sont les sujets de mille traditions[2].

Parmi le petit nombre des Mac-Gregor tués, était le frère du chef. Il fut enseveli près du champ de bataille, et le lieu de sa sépulture est marqué par une pierre grossièrement taillée, qu’on appelle la Pierre grise de Mac-Gregor.

Sir Humphrey Colquhoun, étant bien monté, se réfugia dans le

  1. On m’a raconté qu’il n’y a pas bien long-temps on avait eu le dessein d’enlever la large pierre qui recouvre le tombeau de Dugald Ciar-Mohr pour en faire un linteau de fenêtre, un seuil de porte, ou quelque chose de pareil. Un homme du clan Mac-Gregor, dont la raison était un peu dérangée, prit feu à cette insulte faite à sa tribu ; et quand les ouvriers allèrent pour enlever la pierre, il se plaça dessus, une large hache à la main, jurant qu’il ferait sauter la cervelle du premier qui oserait toucher au monument. Comme il était taillé en athlète, et assez insensé pour ne tenir aucun compte des conséquences de ses actions, on trouva plus sage de condescendre à son caprice, et le pauvre homme se tint en sentinelle sur la pierre, nuit et jour, jusqu’à ce que le projet de l’enlever fût entièrement abandonné.
  2. Les détails qu’on vient de lire sont tirés d’une histoire du clan Mac-Gregor que j’ai pu consulter, grâce à la bienveillance de Donald Mac-Gregor, décédé major du 33e régiment. On avait pris beaucoup de peine pour réunir dans ce manuscrit toutes les traditions et les documents écrits concernant cette famille. Mais une tradition ancienne et constante qui s’est conservée parmi les habitants du pays, et particulièrement parmi les Mac-Farlane, décharge Dugald Ciar-Mohr de l’assassinat des jeunes clercs, et en fait retomber tout l’odieux sur un certain Donald ou Duncan Leon, qui accomplit cet acte de cruauté avec l’aide d’un jeune garçon qui l’accompagnait, et qu’on appelait Charlioch ou Charlie. On dit que les assassins n’osèrent plus rejoindre leur clan, mais qu’ils menèrent une vie sauvage et solitaire, comme des outlaws, dans une partie déserte du territoire des Mac-Farlane. On les y laissa pendant quelque temps en paix, jusqu’à l’instant où ils commirent un acte horrible de brutalité sur deux femmes sans défense, la mère et la fille, appartenant au clan de Mac-Farlane. Pour venger cette atrocité, les Mac-Farlane les chassèrent comme des bêtes sauvages et tirèrent dessus. On dit que le jeune brigand Charlioch aurait pu s’échapper, étant d’une agilité extraordinaire à la course ; mais son crime fut la cause de son châtiment, car la femme qu’il avait outragée s’était défendue avec un courage désespéré, et l’avait blessé avec sa propre dague à la cuisse. Il boitait donc par suite de sa blessure ; c’est pourquoi il fut plus facile de l’atteindre et de le tuer. Je suis porté à croire que cette seconde version de l’histoire est la véritable, et que le crime fut imputé à Ciar-Mhor comme à un homme plus considérable. Il est encore possible que ces deux hommes d’un rang inférieur n’aient fait qu’exécuter ses ordres. (Note traduite sur la nouvelle édition d’Édimbourg.) A. M