Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/154

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même, pour la tranquillité et la paix de son pays ; car je ne puis croire que ce grand homme s’y soit décidé, comme de méchantes gens le prétendent, par la crainte de perdre ses places et son régiment. Son certificat, comme vous dites, monsieur Campbell, est très-satisfaisant ; et maintenant qu’avez-vous à nous dire sur ce vol ?

— Cela sera court ; c’est que M. Morris pourrait aussi bien en accuser l’enfant qui n’est pas né, ou moi-même, que ce jeune gentleman, M. Osbaldistone ; car non seulement je puis attester que l’individu qu’il a pris pour lui était plus petit et plus gros, mais j’ai même aperçu son visage dans un instant où son masque a glissé, et il n’avait pas la moindre ressemblance avec M. Osbaldistone ; et je pense, » ajouta-t-il en se tournant d’un air naturel mais ferme vers M. Morris, « que monsieur avouera que j’étais bien plus en état que lui de reconnaître ceux qui prirent part à cette affaire, puisque moi seul j’avais gardé mon sang-froid.

— Je l’avoue, monsieur, je l’avoue complètement, » dit Morris, se reculant lorsqu’il vit Campbell approcher sa chaise de la sienne comme pour appuyer son appel ; « et je suis disposé, monsieur, ajouta-t-il en s’adressant à M. Inglewood, à rétracter mon accusation en ce qui regarde M. Osbaldistone ; et je vous prie, monsieur, de permettre qu’il aille vaquer à ses affaires et moi aux miennes. Votre Honneur a peut-être quelque affaire à régler avec M. Campbell, et je suis très-pressé de partir.

— Alors, au diable les déclarations ! dit le juge en les jetant au feu ; et maintenant vous êtes parfaitement libre, M. Osbaldistone ; et vous, monsieur Morris, vous voilà tranquille.

— Oui, » dit Campbell en regardant Morris qui acquiesçait avec une triste grimace à l’observation du juge, « tranquille comme un crapaud sous une herse ; mais ne craignez rien, monsieur Morris, nous allons sortir ensemble, et je vous escorterai (j’espère que vous ne doutez pas de ma parole, quand je vous parle ainsi), je vous escorterai jusqu’à la prochaine grand’route, et là nous nous séparerons ; et quand nous nous reverrons en Écosse, ce sera comme de bons amis, où il y aura de votre faute. »

Avec l’air de terreur d’un condamné quand on vient lui annoncer que la charrette l’attend, Morris se leva ; mais lorsqu’il fut sur ses jambes, il parut hésiter : « Je vous dis de vous rassurer, répéta Campbell, je vous tiendrai parole. Que savez-vous si nous n’aurons pas quelques nouvelles de votre valise, si vous voulez