Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/214

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de Morris, en exprimant le vif désir que mon père voulût bien m’honorer de quelques lignes, ne fût-ce que pour me donner ses avis ou ses ordres dans une affaire aussi délicate, et où mon expérience ne pouvait suffire pour me guider. Ne pouvant prendre sur moi de solliciter mon rappel à Londres, je cachai mon désir de rester à Osbaldistone-Hall, sous le voile de la soumission aux volontés de mon père, et je ne doutai pas qu’il ne prît le change sur mes dispositions. Je demandai seulement à venir à Londres pour quelques jours au moins, afin de détruire les infâmes calomnies qui avaient circulé si publiquement contre moi. Après avoir terminé ma lettre, dans laquelle un vif désir de me justifier s’alliait à la répugnance de quitter le lieu de ma résidence actuelle, je montai à cheval pour aller la porter à la poste. J’y trouvai la lettre suivante de mon ami Owen :

« Mon cher monsieur Francis,

« J’ai reçu la vôtre par M. Rashleigh Osbaldistone, et j’ai pris note du contenu. J’aurai pour M. R. O. toutes les attentions possibles, et je l’ai déjà conduit à la banque et à la douane. Il paraît sobre, habile, et mord aux affaires ; il sera donc utile à la maison : j’aurais désiré qu’un autre que lui eût dirigé sa pensée de ce côté, mais la volonté de Dieu soit faite ! Comme l’argent peut être rare dans le pays où vous êtes, vous m’excuserez de vous envoyer ci-incluse une lettre de change de 100 livres, à six jours de vue, sur MM. Hooper et Girder, de Newcastle, qui, je n’en doute pas, y feront honneur. Je suis, comme je le dois, mon cher monsieur Frank, votre respectueux et obéissant serviteur.

« Joseph Owen. »

« P. S. J’espère que vous m’accuserez réception de celle-ci. Je suis affligé de recevoir si peu de vos nouvelles. Votre père dit qu’il se porte comme à l’ordinaire, mais il n’a pas bonne mine. »

En lisant ce billet écrit par le vieil Owen dans son style de commerce, je m’étonnai qu’il ne me parlât nullement de la lettre confidentielle que je lui avais adressée pour lui faire connaître le véritable caractère de Rashleigh, quoiqu’il se fût écoulé tout le temps nécessaire pour qu’il l’eût reçue. Je l’avais envoyée à la poste par un domestique du château, et je n’avais aucun motif de craindre qu’elle se fût égarée en route. Comme elle contenait des choses fort importantes pour mon père et pour moi, j’écrivis sur-le-champ