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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/237

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ayant été tourmenté toute la nuit par les esprits (Dieu nous préserve !) je ne me souciais pas d’ouvrir le loquet que je n’eusse fini le service du soir ; je viens de terminer le cinquième chapitre de Jérémie, et si cela ne les tient pas en respect, je ne sais plus qu’y faire.

— Tourmenté par les esprits ! lui dis-je : qu’est-ce que cela signifie, André ?

— C’est-à-dire, répondit André, qu’ils m’ont fait une telle frayeur toute la nuit, que j’étais prêt à sortir de ma peau, ce qui ne veut pas dire que quelqu’un fût là pour me l’enlever comme on dépouille un arbre de son écorce.

— Je vous prie de faire trêve un moment à toutes vos terreurs, André, car je désire savoir si vous pouvez m’apprendre le plus court chemin pour aller à une ville d’Écosse qu’on nomme Glasgow.

— Une ville qu’on appelle Glasgow ? répéta André. Glasgow est une cité ! Vous me demandez quel est le chemin qui y mène, et comment ne le connaîtrais-je pas ? ce n’est pas déjà si loin de ma paroisse natale, de Dreepdaily, qui n’est qu’un petit brin plus loin à l’ouest. Mais qu’est-ce que Votre Honneur peut aller faire à Glasgow ?

— J’y vais pour mes affaires, répliquai-je.

— C’est comme si vous disiez : Épargnez-moi les questions, et je ne vous répondrai pas de mensonges. Ainsi vous allez à Glasgow ? » Il réfléchit un moment et ajouta : « Je pense que vous feriez mieux de prendre quelqu’un pour vous y conduire.

— Certainement, si je connaissais quelqu’un qui allât de ce côté.

— Votre Honneur prendrait sans doute en considération son temps et sa peine.

— Sans aucun doute. Mon affaire est pressante, et si vous me trouvez quelqu’un qui veuille m’y conduire, je le paierai comme il faut.

— Ce n’est pas un jour à parler d’affaires mondaines, dit André en levant les yeux vers le ciel ; mais, si nous n’étions pas au dimanche soir, je vous demanderais ce que vous voudriez donner à quelqu’un qui vous tiendrait bonne compagnie sur la route, et qui, en passant devant les châteaux et les terres de tous les seigneurs et gentilshommes, vous en dirait les noms, et vous ferait connaître toute leur parenté.